Dans leur présentation de la conjoncture immobilière du premier semestre, l'ensemble des responsables de l'OIP (Observatoire immobilier de Provence) ont été unanimes à augurer d'une année 2018 en cours, qui s'annonce certes moins favorable que la précédente, 2017 ayant été un plutôt bon cru en Provence, mais qui ne devrait pas être trop mal non plus. « Avec un taux d'intérêt moyen du crédit toujours aussi bas, tombé à 1,44 % au début de l'été, l'environnement reste porteur », a ainsi souligné d'emblée le président Philippe Deveau, par ailleurs président de la fédération du BTP des Bouches-du-Rhône. Néanmoins, il existe « des petits clignotants orange et rouges, comme l'a si bien imagé Me Maître intervenant en dernier pour la Chambre des notaires des Bouches-du-Rhône, qui, a-t-il poursuivi, au-delà de quelques voyants au vert, traduisent un marché très élastique. »
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Pointant du doigt les signaux moins encourageants, ces mêmes responsables de l'OIP ont été d'ailleurs tout aussi unanimes à exprimer leurs craintes quant à l'avenir. Les lois Elan et Pacte, avec lesquelles on n'est pas encore à l'abri de mauvaises surprises, selon toujours le président Deveau, mais aussi la baisse des APL dans le logement social, la disparition des APL accession, la limitation du prêt à taux zéro (PTZ), l'IFI (Impôt sur la fortune immobilière) ou encore des investisseurs en retrait (- 10,4 % au premier semestre), voire le futur prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu, leur font en effet envisager d'ores et déjà des lendemains moins souriants.
Des situations variées
Dans ce sens, certains chiffres font plus particulièrement craindre de prochains résultats moins positifs. Ainsi, même si le marché du logement neuf se porte plutôt bien, il est en légère baisse (- 4 %) au cours de ce premier semestre et les ventes en bloc fléchissent également (-14,2 %). Surtout, le neuf ne représente que 12 % de l'offre globale. Dans l'ancien, le marché est, lui, franchement plus disparate. « Il y a une diversité de situations, dans des communes très différentes. » Autres points noirs, les permis de construire qui baissent eux aussi en ce premier semestre de 12 % par rapport à 2007, ainsi que les mises en chantier, en chute de presque 5 %.
Enfin, autre recul significatif à leurs yeux, celui de la maison individuelle « dont rêvent pourtant 80 % des Français », a commenté à son tour Christian de Bénazé (Unicil). Celle-ci est en fort recul ces trois derniers mois au niveau national avec une production annuelle de 110 000 maisons, à comparer aux 100 000 logements sociaux produits sur la même période. Là encore, les primo-accédants manquent à l'appel pour les raisons citées précédemment (APL accession et PTZ) et si, paradoxalement, la Provence limite l'érosion à - 6 % en la matière, contre - 14 % dans l'Hexagone, c'est malheureusement, a-t-il déploré, au détriment de la consommation foncière puisqu'il s'agit généralement de constructions individuelles sur des terrains diffus de 1000 m2 indivisibles. Ce qui accentue d'autant l'artificialisation des sols.
Last but not least, l'immobilier d'entreprise où le stock manque et les opérations marquent le pas, « pâlit » pour reprendre l'expression employée par l'observatoire (voir également nos graphiques), et notamment « parce qu'on ne lance plus rien en blanc », regrettent les spécialistes du tertiaire, à commencer par Lucile de Malet, présidente de la commission bureaux neufs de l'OIP et de la commission immobilier d'entreprise de la Fnaim Aix-Marseille-Provence.