C'est sur une ancienne parcelle de 6 000 m2 disposant d'un espace boisé de 3 000 m2 aux Chutes-Lavie que le Lica (Laboratoire d'intelligence collective et artificielle) s'est installé. « Nous avons trouvé par inadvertance ce lieu, ancienne demeure du consulat de Belgique, qui correspondait à nos aspirations. Comme les enfants de la famille de La Rochère désiraient vendre, nous nous sommes portés acquéreurs », explique Charles Talbot, l'un des cofondateurs de la Scop et président du Tiers-lab des Transitions, véritable démonstrateur de solutions innovantes destinées à répondre aux transformations sociétales, économiques et écologiques impactant la société.
Tiers-lab des transitions : le lica achète son rêve marseillais
Fruit de la rencontre de six personnes œuvrant dans des pans d'activités distincts (environnement, culture, numérique, stratégie territoriale, architecture et neuroscience), le Lica a vu le jour en 2017 avec l'organisation de rencontres sur les enjeux sociétaux. « C'est l'envie de croiser les regards et les expertises pour répondre aux enjeux des organisations et de la société qui a été le point de départ de cette aventure », explique Claire Demaison, cofondatrice de Lica et directrice générale de la SCIC Tiers-lab des Transitions qui comprend aujourd'hui 112 associés dont sept entreprises.
Au fil du temps, le collectif s'est agrandi et compte désormais seize membres. Le Lica qui représente un laboratoire d'expériences propose des sessions de formation pour accompagner les entreprises et les organisations vers de nouveaux modes de gouvernance. Avec l'acquisition de cette parcelle recelant une bastide du XVIIIe siècle de 280 m2 et deux bâtiments, une villa provençale et une ancienne pépinière, chacune de 110 m2, le projet de tiers-lieu disposera de nombreux atouts pour développer ses activités.
Tiers-lab des transitions : le lica achète son rêve marseillais

Huit mois de travaux pour le Lica
Un projet de fab lab low-tech et high-tech proposera, notamment, un atelier dédié au recyclage et à la réparation d'objets. L'agriculture urbaine et écologique prendra ses marques afin de proposer grâce à un café et au restaurant solaire Le Présage, des mets sains. « Nous allons initier pour animer ce lieu une programmation scientifique et culturelle dans le jardin jouxtant la bastide », précise Charles Talbot. Les thèmes éclectiques porteront, entre autres, sur les énergies renouvelables, la gestion des déchets, la mobilité douce, le numérique éthique, l'alimentation durable. Les travaux d'aménagement et de rénovation des bâtisses qui ont débuté en janvier s'achèveront fin septembre 2023. « Nous avons obtenu le permis de construire en février 2022 et signé l'achat du terrain le 9 décembre 2022 », rappelle-t-il.
L'objectif majeur du projet est tout d'abord la rénovation de cette ancienne bastide qui a été érigée à différentes époques et qui détient de superbes verrières. C'est au sein de cet édifice mais aussi à l'extérieur que seront dispensées des formations. « Il y aura également des postes de travail de coworking pour des personnes sur plusieurs semaines et des activités de télétravail à la journée », précise-t-il. De plus, des résidents seront accueillis sur trois ans dans les deux autres lieux du site qui subiront une rénovation plus succincte.
Le Lica cherche des fonds pour lancer son tiers-lab des transitions à Marseille
Un poumon vert
Au-delà des édifices, ce parc dispose d'un espace boisé classé de 3 000 m2 qui sera restauré. « S'il existe déjà des micocouliers, des amandiers, des figuiers, des mimosas et des ficus, il y aura de nombreuses plantations avec des arbousiers, des caroubiers et des pistachiers », note Charles Talbot. Le projet s'inscrit avec acuité dans le cadre de la place de la nature en ville et de la décarbonation, deux actions phares menées par la Ville de Marseille. Il vise à redynamiser le quartier et à sensibiliser les citoyens à la préservation de l'environnement, notamment via des jardins pédagogiques. « Cela permet de maintenir un poumon vert au cœur d'un quartier urbanisé. Il y aura des projets agricoles », se félicite Didier Jau, maire des 4e et 5e arrondissements de Marseille. La réalisation de cette opération a requis une ingénierie financière complexe, explorant un modèle économique public et privé. « Notre tour de force est d'avoir su mobiliser huit partenaires fianciers autour de la table sur un projet à vocation sociale, environnementale et technologique », a-t-il précisé.
Ce sont l'Anru dans le cadre d'un programme d'investissement d'avenir intégré à France 2030, la Foncière Bellevilles, la Banque des territoires, France Active, le fonds Pargest, le dispositif Scop Invest, la Cepac et la Banque Postale qui vont, quant à elles, apporter un prêt d'un montant d'1,9 M€. Le montant de l'achat est de 1,8 M€, celui de la réhabilitation du terrrain et des trois batisses d'1,1 M€. Le montant de l'équipement des espaces et l'amorce de la SCIC qui va assurer l'animation des lieux est de 0,65 M€. « Nous devrions disposer dans les semaines à venir de soixantes personnes au sein du Tiers-lab pour assurer une activité pionnière d'un tiers lieu durable », a évoqué Charles Talbot.