Sa connexion à la station d’atterrage réalisée sur le domaine du Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) s’est déroulée en quelques heures le 6 novembre sous l’égide d’Alcatel Submarine Networks (ASN). Mais c’est le 8 novembre, dans l’enceinte du data center MRS3 de Digital Realty (ex-Interxion), que toutes les potentialités de ce câble sous-marin de 45 000 kilomètres contenant 16 paires de fibres optiques ont été exposées par les acteurs du projet. Et elles sont nombreuses à les en croire puisqu’elles devraient contribuer à faire entrer à terme Marseille dans le Top 5 des hubs internet mondiaux (elle est 7e aujourd’hui).
« 95 % du trafic international de données et contenus numériques passe par des câbles sous-marins, explique Cynthia Perret, directrice du programme câble 2Africa chez Meta, au nom d’un consortium qui rassemble China Mobile International, Meta, MTN GlobalConnect, Orange STC, Telecom Egypt, Vodafone et WIOCC. C’est le plus long projet de câble jamais entrepris puisqu’il reliera 33 pays entre Afrique, Asie et Europe. »
Un nouveau chantier pour Interxion à Marseille
Changer la donne avec ce cable sous-marin internet
Sa capacité sera de 180 terabits/seconde, un atout difficile à évaluer quand on n’est pas un expert, mais Fabrice Coquio, senior vice-président de Digital Realty et président de Digital Realty France, en cerne toutes les caractéristiques. « Ce câble va changer la donne pour la connectivité de l’Afrique. Marseille en devient une des portes d’accès avec cette grande première d’une station d’atterrage neutre sur le port, explique-t-il. Il y a des câbles internet d’une capacité de 4,5, 6 ou 8 terabits. Là, on est sur des multiples de 100. Tant qu’il n’y a pas de connectivité performante, il ne peut y avoir des opérateurs et des utilisateurs. Ce câble est une infrastructure majeure pour le développement des usages et services numériques dans tous les pays africains ».
"Hyperconnectivité" : des câbles sous-marins au service de l'attractivité d'Aix-Marseille Provence ?
La mise en service s’opèrera par étapes : l’Est de la Méditerranée sera connecté dans le courant du 1er semestre 2023, l’Ouest au 1er semestre 2024. Raccordé à 46 stations d’atterrage, le câble comptera des connexions jusqu’en Inde et au Pakistan, à Madagascar, en Afrique du Sud, dans les Emirats Arabes Unis ou en Grande-Bretagne… Il cerne toute l’Afrique. Le montant de l’investissement, vraisemblablement faramineux mais partagé, n’a été dévoilé par aucun des membres présents du consortium. « Les câbles sont portés par des opérateurs pour amener de la connectivité à des utilisateurs finaux, mais le modèle économique varie en fonction des entreprises et des pays, au cas par cas », a simplement précisé Cynthia Perret.
Oser se tourner vers l’Afrique
Pour Frédéric Dagnet, directeur de cabinet du GPMM, « le port montre sa capacité à gérer tous types de flux en toute sécurité, logistiques, énergétiques, financiers et numériques. Notre objectif est de toujours optimiser nos services pour les rendre créateurs de richesses pour le territoire ». Pour Isabelle Campagnola-Savon, présidente de la commission Entreprises-Artisanat et Commerce-Economie sociale et solidaire et économie circulaire de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, « l’Afrique est une opportunité de développement inimaginable avec le boom du numérique. C’est une manne de croissance pour les entreprises régionales qui se tournent vers ce continent ».
« L’expansion de Marseille dans les flux de données internationales n’est pas près de s’arrêter », comme l’indique Fabrice Coquio qui a récemment mis en service le data center MRS4, toujours sur le port. « Six autres câbles sont prévus prochainement, ce seront encore de nouvelles capacités ».