Les centrales nucléaires françaises sont soumises à un réexamen périodique tous les dix ans. La centrale de Tricastin d'EDF dont les quatre réacteurs 900 MW ont été mis en service en 1980 et 1981 va connaître sa quatrième visite décennale en 2019. Afin d'assurer la pérennité de son exploitation au-delà de ses 40 ans et d'élever son niveau de sûreté, en particulier pour s'adapter aux exigences post-Fukushima et de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), elle s'engage dans un programme d'investissement de 3,2 milliards d'euros sur dix ans, inscrit au projet « Grand Carénage » d'EDF.
« Des travaux ont déjà été engagés [127 millions d'euros en 2017, NDLR], à l'image des Diesel Ultime Secours, mais le projet va principalement s'étaler entre 2018 et 2028, explique le directeur Cédrick Hausseguy. Ils vont rapprocher le site des meilleurs standards de sûreté et visent, entre autres, à renforcer sa capacité de résistance à un séisme et à le prémunir contre tout risque d'inondation des matériels. Le réacteur n°1 de la centrale sera le premier à déployer ce programme jusqu'en 2023 ». Employant 1 412 salariés EDF et 600 autres permanents d'entreprises prestataires, la centrale de Tricastin a produit 19,23 TWh en 2017, soit 5% de la production nucléaire française d'EDF. Durant les trois mois de la visite décennale, environ 3 000 personnes supplémentaires devraient intervenir.
Sûreté confortée
« Il y a une multitude d'équipements à vérifier pour s'assurer de leur capacité à fonctionner pour plus de dix ans supplémentaires », précise Antoine Vassallo, directeur de la DIPDE (Division de l'Ingénierie du Parc nucléaire, de la Déconstruction et de l'Environnement) à Marseille, le centre d'ingénierie du nucléaire d'EDF. Le deuxième réacteur sera concerné en 2021, le troisième en 2022 et le quatrième en 2024. Sur ce chantier, EDF prévoit de réserver en moyenne 80 millions d'euros par an de marchés aux entreprises de cinq départements du pourtour de la centrale, Bouches-du-Rhône, Drôme, Ardèche, Vaucluse et Gard. Pour André Abad, directeur délégué technique, le nucléaire, par rapport à d'autres secteurs industriels, a la particularité d'élever, lors de chaque visite, le niveau de sûreté. « La centrale n'est pas la même que celle qui a été construite en 1980, dit-il. On peut potentiellement tout remplacer sauf la cuve et l'enceinte de confinement. » A l'issue des travaux, l'ASN se prononcera sur la poursuite d'exploitation.