Les Nouvelles Publications : Pourquoi le groupe Lightsource BP n’avait-il pas prospecté la France jusqu'à ce jour et pourquoi décide-t-il de le faire depuis la Provence ?
Né en 2010, Lightsource est un acteur britannique qui s’est d’abord investi logiquement sur le Royaume-Uni, un marché plus gros que la France. Puis, il s’est exporté vers les pays anglo-saxons, aux Etats-Unis et en Australie. Lorsqu’il a vendu la moitié de ses parts à BP, le groupe a disposé de lignes de crédit plus importantes pour son expansion et l’Europe s’est naturellement imposée dans cette nouvelle phase. Lightsource BP a développé des projets en Espagne, en Pologne, en Italie, en Grèce, au Portugal, aux Pays-Bas… La France n’était pas dans ses priorités en raison de divers aléas, comme le moratoire de 2012 sur le photovoltaïque. Mais les perspectives sont maintenant complètement différentes. Le besoin d’électricité, les délais nécessaires de 20 à 30 ans pour les nouveaux EPR (European Pressurized Reactor), les objectifs fixés par l’Etat ou encore les oppositions sur l’éolien offshore font que les opportunités du marché du photovoltaïque français vont exploser.
Quant au choix d’Aix-en-Provence, la présence d’autres acteurs sur ce territoire a entraîné l’essor d’un marché de l’emploi et de compétences à recruter. D’ici fin 2022, nous prévoyons 15 à 20 embauches en France sur différents sites : Lyon ouvrira dans un mois et demi, puis Bordeaux, Toulouse, Poitiers, chaque fois avec trois ou quatre personnes. Viendront ensuite le Grand Est ou les Hauts- de-France. Nous recruterons encore plus quand le "pipe" de projets se remplira.
Lightsource BP a déployé des projets sur d’immenses surfaces. En France, ces centrales sont complexes à mettre en œuvre, elles engendrent parfois des oppositions… Quels terrains ciblez-vous ?
Il faut au minimum 3 à 5 ans en France pour développer un projet photovoltaïque (PV). Dans l’immédiat, nous cherchons du foncier pour des centrales qui seront exploitées sur une durée d’environ 30 ans. Nous pouvons mener des dossiers de A à Z, intervenir à différents stades ou en partenariat. Le solaire en toiture, ce n’est pas notre métier. Nous avons bien conscience que nombre de terrains de friches industrielles, sites pollués, carrières désaffectées, centres d’enfouissement technique… parce qu’ils sont fléchés par l’Etat et la commission de régulation de l’Energie (CRE) sont déjà, soit sécurisés, soit identifiés par des prospects, parce qu’il est plus facile d’obtenir les autorisations. Mais il en reste toujours et nous nous employons à les détecter. Nous avons, par exemple, l’habitude de travailler des terrains de type Seveso et leurs mesures de sécurité car BP est un grand groupe pétrolier.
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Nous étudions deux sites potentiels dans le sud de la France. Nous explorerons aussi les espaces combinant agriculture et photovoltaïque. Les plans d’eau font sens également. Tout opérateur industriel ou commercial possédant un foncier non utilisé sur lequel il n’existe pas d’enjeu écologique important est pour nous un partenaire potentiel. Nous visons 1 GW à l’horizon 2026. Nous espérons sécuriser 100 MW de terrain d’ici la fin de l’année. Nous partons sur une taille minimale de 4 à 5 hectares, mais l’idéal avoisinerait en France les 8 à 15 MW, à raison de 1 MW par hectare.
Comment envisagez-vous de faire en sorte que les populations soutiennent le projet ?
Dans les appels à projets de la CRE, il y a des dispositifs incitatifs pour du financement participatif des habitants. C’est une voie que nous explorerons. Nous voulons proposer aussi aux collectivités d’être un opérateur PV et pas seulement un loueur de foncier, en étant coactionnaire des sociétés de projet. Nos projets ne peuvent se faire qu’en acceptation avec les populations locales avec des mesures d’explication, d’accompagnement… Un projet PV a le moins d’effets secondaires par rapport à d’autres énergies.