Quelle place doit tenir la CCI de région Provence-Alpes-Côte d’Azur et les CCI territoriales que vous représentez dans les enjeux de nos territoires ?
Philippe Renaudi : Je souhaite que la CCI de région prenne davantage la parole sur les grands enjeux de développement régionaux. C’est-à-dire qu’elle exprime une position au niveau régional qui soit l’expression de nos sept CCI territoriales. Cela passera par des prises de position, à travers des événements ou des publications comme nos recommandations sur le Schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII). Nous allons avoir des choses à dire dans peu de temps sur les filiales du nautisme et de la montagne. Je souhaite également que nous soyons plus proches des institutions régionales en lien avec l’économie comme l’Urssaf, Pôle emploi, la Banque de France, les mouvements patronaux… La CCI de région doit être un lieu de rencontre et d’échanges.
Justement, où en êtes-vous de votre projet de créer un Club de l’éco régional ?
Nous sommes en cours de discussion. Je souhaite que le club fonctionne pour cet automne. Il serait intéressant d’y retrouver la Direction régional des finances publiques (DRFIP), la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets), la Banque de France, l’Urssaf, Pôle emploi, les syndicats patronaux, la Région bien entendu et d’autres acteurs… L’animation ne serait pas forcément confiée à la CCI de région. L’objectif est de mettre en commun nos informations, nos statistiques afin d’établir un tableau de bord, un baromètre trimestriel, le plus complet possible, de l’activité économique. Cet outil manque afin de mieux promouvoir notre région et de travailler à son développement. En France, on entend beaucoup parler de chômage, de retraite… En tant que président d’une CCI régionale, je veux parler de ceux qui produisent des richesses, qui travaillent. Je veux mettre en avant l’économie de nos territoires.
Comment voyez-vous les relations entre la CCI de région et les institutions, le conseil régional et la préfecture de région notamment ?
J’entends porter le modèle d’une CCI de région bien intégrée à son écosystème. C’est pour cette raison que nous ouvrons nos réunions internes, nos assemblées générales entre autres. Nous avons accueilli Renaud Muselier, le président du conseil régional, à celle du 24 février. Nous travaillons avec la Région et finalisons une convention qui sera le résultat de nos engagements respectifs. Avec la préfecture de région, qui est notre autorité de tutelle, nous avons une relation plus « organique ». Lors de mes échanges avec le préfet de région, Christophe Mirmand, j’ai eu la réaffirmation de la volonté de l’Etat de s’appuyer sur les CCI. Nous avons prouvé notre utilité pendant la crise. Mais je ne compte pas en rester là. J’ai fait part au préfet de région de mon souhait que lors de ses déplacements dans nos territoires, une rencontre soit à chaque fois organisée avec la CCI concernée. Que cela soit un temps d’échange autour de l’économie. Cela me paraît essentiel.
Le prélèvement par l’Etat d’une partie de la taxe pour frais de chambre oblige les CCI à revoir leur modèle économique. Où en êtes-vous ?
Une précision : la taxe pour frais de chambre, ou TCCI, affectée au financement des CCI a chuté de 40 % au cours des dernières années. Mais les entreprises sont toujours prélevées de la même façon par l’Etat… Nous avons donc dû nous adapter en mutualisant des fonctions supports entre les CCI du réseau. Cette politique a été engagée par Roland Gomez, mon prédécesseur. Aujourd’hui, notre réseau régional, qui compte 988 salariés, s’est adapté et réorganisé pour faire face. Cette baisse de l’affectation de la taxe pour frais de chambre a contraint les CCI à s’orienter vers un modèle de services payants afin de diversifier leurs rentrées financières.
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Comment les CCI peuvent-elles accompagner le mouvement de réindustrialisation de notre région ?
L’urgence est de produire de nouveau en France. La CCI de région n’a pas attendu la guerre en Ukraine, qui a mis en lumière notre désindustrialisation, pour porter ce message. Nous soutenons plusieurs propositions : simplifier les procédures administratives, protéger les projets des recours abusifs, développer du foncier d’activité par la réhabilitation des friches industrielles ou par des actions de densification, et accélérer la constitution de sites industriels « clefs en main ». Ces propositions sont dans le rapport rendu dans le cadre du SRDEII.
L’autre grand enjeu du moment est celui de la transition énergétique. De quelle façon pouvez-vous l’accompagner ?
Je rappelle que tous les efforts de cette transition sont assumés par les collectivités et les entreprises… Pour notre part, nous nous engageons en soutenant des projets qui peuvent apporter des solutions. Un exemple : nous avons fait un partenariat avec EDF pour soutenir le projet d’implantations d’éoliennes en mer. C’est le projet Provence Grand Large. Le réseau des CCI est également engagé dans le développement de la filière hydrogène. Je pense au travail réalisé par Daniel Margot, mon premier président et président de la CCI des Alpes-de-Haute-Provence.
La CCI de région veut créer un « Club de l’éco » en Provence-Alpes-Côte d'Azur
En matière de transition énergétique, de réindustrialisation, l’argent reste le nerf de la guerre. La CCI de Région prendra-t-elle part à la création d’une place financière ?
Nous ferons partie des membres fondateurs de la « Place financière régionale ». Il me paraît indispensable que notre région dispose d’un tel outil et nous prendrons part à son fonctionnement. Il conviendra d’en faire un outil au service du développement économique et de l’attractivité de notre territoire en permettant le financement de grands projets. Nous soutenons Alain Lacroix, son président. Ce dernier a été président de la CCI de région et d’une grande banque régionale. Il préside Région Sud Invest. C’est un signe fort de l’ambition et de la détermination à réussir ce challenge.