Le CV de Philippe Celotto en dit long sur l'individu. Cet artisan a suivi des études de philosophie, jusqu'en maîtrise, avec une passion pour l'art grec, son sujet de mémoire. Fils de maçon, « il m'est apparu comme nécessaire de mettre du corps aux idées. J'ai donc décidé de me former chez les Compagnons du devoir à Marseille où j'ai passé des CAP* de maçon et de tailleur de pierre. Puis j'ai fait valider mes compétences de maçon du bâti ancien auprès de l'Ecole d'Avignon. »
Education de la clientèle
Fin connaisseur de la pierre et passionné de sculptures, Philippe Celotto n'est pas très optimiste sur l'avenir de ces deux métiers : « Le travail artisanal, fait à la main, tend à disparaître aujourd'hui. Nous sommes dans une époque où seul le rendement et le rapport qualité-prix comptent. » Conséquence :
« Il est de plus en plus difficile de vivre de ces activités nobles. Et beaucoup doivent fermer boutique. Seule la restauration de monuments historiques conserve ces techniques à l'ancienne et non industrialisées. »
Mais jusqu'à quand ? Car pour conserver le patrimoine bâti sans le dégrader, il convient de le restaurer par des techniques et des matériaux adaptés.
Pour lui, pas de doute, « il est temps d'agir pour ne pas laisser l'industrialisation prendre trop de place ». Parmi les pistes à explorer : l'éducation de la clientèle. Il est important d'expliquer à la population les conséquences de tel ou tel acte sur un bâtiment. « C'est un peu comme avec la nourriture. »
Basée à Marseille avec un atelier à Ollioules (Var), Philippe Celotto entend fédérer - autour de ces valeurs - un maximum d'artisans et de particuliers. Il envisage sinon de déménager en Corse « où l'amour pour la pierre est un peu plus dans les esprits des habitants ».
* Certificat d'aptitude professionnelle.