Les Nouvelle Publications : Dans quel contexte cette initiative nationale intervient-elle ?
Pascal Blain : Le programme Expertises d’avenir se structure autour de 12 filières économiques phares telles que le BTP, le commerce, l’hôtellerie-restauration, le transport ou le maritime. Il apporte une meilleure réactivité auprès des secteurs clés de notre territoire.
Cet outil s'inscrit dans le plan d’investissement mis en place par le gouvernement, auquel est alloué 54 Mds€, dont 15 pour la formation. Seuls deux Pôle emploi en France, la nôtre et celui d'Auvergne-Rhône-Alpes, ont été missionnés pour sa mise en œuvre. Ailleurs, ce sont les conseils régionaux qui gèrent ce programme.
Quel est son objectif premier ?
Ce programme a débuté en 2019 et nous visons le retour à l’emploi de 100 000 personnes grâce à la formation. Je reste confiant. Nous allons y arriver.
Vous travaillez en collaboration avec des partenaires tels que les fédérations. En quoi ces deux ans de crise sanitaire ont modifié la donne de l’emploi ?
Nous observons que 50 % des demandeurs d’emploi (470 800 en Provence-Alpes-Côte d'Azur) souhaitent changer de projet professionnel. Nous avons d’ailleurs embauché 300 nouveaux collaborateurs pour gérer ce flux.
Et puis, bien sûr, la question du télétravail et du bien-être en entreprise s’est invitée dans les réflexions. J’engage les dirigeants à (re)travailler leur marque entreprise. C’est le cas de la Chambre de métiers et de l’artisanat, avec laquelle nous travaillons à rendre plus attractifs les métiers de bouche. Du côté de la restauration, il est question de montée en gamme. Ailleurs, de grille de salaire… et bien sûr, tous ces éléments nous permettent surtout de mettre au point des plan de formation adaptés à nos douze filières.
Concrètement, comment animez-vous chacun de ces secteurs ?
Chaque « expertise d’avenir » est organisée en réseau d’experts Pôle emploi, en lien étroit avec les acteurs du secteur. Je pense aux fédérations évidemment, mais aussi aux pôles de compétitivité, aux entreprises influentes et autres campus des métiers et des qualifications. C’est indispensable de travailler ensemble pour répondre aux difficultés de recrutement des entreprises. Il s’agit de capter précisément leurs besoins, de les traduire en achats de formation si nécessaire, et d’y répondre en soumettant des profils de demandeurs d’emploi adaptés.
Quels sont les secteurs les plus en tension ?
Je pense aux filières qui demandent des formations longues, comme les métiers de la santé ou du service à la personne. C’est également tendu du côté de la filière numérique, comme dans l’industrie. Ceux qui s’en sortent malgré tout un peu mieux, ce sont les métiers du BTP et du transport.
Combien de personnes ont déjà été formées depuis 2019 ?
Pôle emploi Paca a déjà formé 67 000 personnes. D’un point de vue plus global, je tiens à souligner que nous retrouvons dans la région un taux de chômage d’avant la crise, avec une baisse de 15 %.
Après avoir mis en avant récemment les filières de la santé et du numérique, quelles vont être les prochaines actions de Pôle emploi ?
Chaque mois, nos agences organisent 250 événements. Mais c’est vrai que nous mettons aussi en place des semaines thématiques. Ce sera bientôt au tour de l’hôtellerie-restauration, qui va entrer en phase de recrutement pour la prochaine saison. Fin mars, le secteur maritime sera mis en avant.
Les douze filières que nous avons retenues représentent quand même 70 % des besoins en matière d’emploi de notre territoire. Mais comme je vous l’ai dit, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur va atteindre les objectifs de ce programme et ramener vers l’emploi 100 000 personnes. C’est une grande satisfaction collective !
Un exemple d’action concrète
L’AFT Paca Corse et Pôle emploi Provence-Alpes-Côte d’Azur unissent leurs réseaux, au travers d’un partenariat inédit, pour lutter contre les tensions de recrutement dans ce secteur. Secteur phare de l’économie régionale, le transport-logistique fait partie des 12 Expertises d’avenir identifiées par Pôle emploi Paca. Avec plus de 100 000 salariés, il représente 8% de l’emploi régional, et a affiché une croissance de 16,5 % de ses effectifs au cours des cinq dernières années dans notre région.