Une IPO, c'est quoi ? Tout simplement l'acronyme anglais pour Initial Public Offering. Autrement dit, une introduction en Bourse permettant la cotation des actions d'une société sur un marché boursier. Marc Schillaci, président fondateur d'Oxatis, spécialiste du e-commerce, a apporté son témoignage, retraçant son parcours depuis ses études d'ingénieur dans les travaux publics, en passant par ses deux premières levées de fonds (2 millions d'euros en 2008 et 4 millions d'euros en 2010) et ce qui a motivé son entrée en Bourse. « A un moment, se pose la question de faire une énième levée de fonds, car nos activités consomment énormément de cash. On regarde le marché US sur lequel trois grandes plateformes faisaient à peu près la même taille, il y a trois ans. Lorsque nous levions 15 millions, elles levaient 100 ou 150 millions d'euros. Aujourd'hui, une d'entre elles, Shopify, est huit fois plus grande que la deuxième. On s'est dit, il y a un truc. La Bourse leur a apporté de la crédibilité, de la visibilité, de la capacité à attirer les meilleurs talents et les moyens de faire quelques acquisitions. On a pensé que c'est ce que pourrait aussi nous apporter une entrée en Bourse. En décembre 2017, nous faisons ce choix et, le 26 avril 2018, nous sommes cotés. Ça n'a pas pris beaucoup de temps », explique Marc Schillaci.
Ce qui l'a aussi convaincu est que, s'il y a cinq ou six IPO par an, il y a aussi 400 opérations de financement. Si l'IPO prend du temps, les levées de fonds prennent, elles aussi, un temps de dingue. Il a avoué : « Le seul moment où j'ai flippé, c'est quand Trump a envoyé des "bombinettes" sur les Syriens, Poutine qui se met à gueuler, etc (sic). Je me suis dit : "ça y est, c'est fini". Car le marché aurait pu être amoché. »
La bourse est-elle accessible aux PME ?
Pour mener à bien cette IPO, Marc Schillaci s'est rapproché d'Enternext, filiale du groupe Euronext lancée en mai 2013 et dédiée à la promotion et au développement de ses marchés boursiers propres aux PME-ETI*. Véritable place de marché paneuropéenne, Enternext concentre l'ensemble des actions menées par le groupe Euronext en faveur des entreprises dont la capitalisation boursière est inférieure à un milliard d'euros.
A la demande de Rémy Vialettes, délégué général de la Cefim, Eric Forest, PDG d'Enternext, a démystifié la Bourse et les entreprises en général, avec un accent particulier sur les PME tech. L'intérêt de l'IPO pour les PME, il l'a démontré en quelques chiffres : « Sur les 1 300 sociétés cotées sur les marchés Euronext, 350 sont des sociétés tech, c'est la première grande famille cotée, et représentent quelque 67 milliards de valorisation boursière ». Depuis 2015, 75 entreprises tech ont été introduites en bourse et 12 milliards d'euros ont été levés. Sur les 350 sociétés tech (dont 89 sont des biotechs), près de 250 d'entre elles ont une valorisation boursière inférieure à 150 millions d'euros.
Quelques conseils avisés
Eric Forest a donné quelques « mots magiques » pour avoir toutes les chances de réussir l'entrée en Bourse. D'abord, le timing qui doit tenir compte du développement et des besoins de l'entreprise. Il faut raconter une histoire qui soit crédible, séduire les investisseurs en parlant de croissance et en expliquant ce qui sera fait dans les trois à cinq ans. Il est important de bien savoir s'entourer pour pouvoir présenter, en quelques slides la stratégie de l'entreprise (marché, positionnement, développement, etc.) d'une façon claire à un investisseur qui ne connaît pas forcément l'entreprise.
Autre point, s'inscrire dans la durée : si la vie de l'entreprise n'est pas un long fleuve tranquille, il faut respecter le contrat de confiance signé avec les investisseurs, être transparent, ne pas cacher la vérité et expliquer les éventuels difficultés ou changements. « Vos actionnaires vous verront une ou deux fois par an et ils attendent de vous une communication exhaustive, sincère, etc. qui leur permette de mesurer leurs investissements », insiste le PDG d'Enternext, précisant que « les plus belles "plantades" en Bourse sont, dans 99 % des cas, dues à des entreprises qui n'ont absolument pas délivré ce qu'elles avaient vendues. A des années-lumière de ça ! »
* Entreprises de taille intermédiaire.