C’est la première fois qu’Olympe Zographos se prête à l’exercice du portrait. Les Nouvelles Publications suit depuis le début le chantier des Grandes halles du Vieux-Port. A quelques jours de sa livraison, nous avions envie de mettre en lumière cette architecte d’intérieur, spécialisée dans le domaine du luxe. A 41 ans, elle revient pour nous sur son double parcours psycho/design, sur son approche du métier et révèle ses challenges pour demain.
Les Nouvelles Publications : Pourquoi êtes-vous aussi discrète dans les médias ? Il n’existe encore aucun article qui parle de votre travail…
Olympe Zographos: C’est vrai que je suis quelqu’un de réservé. Mais vous arrivez au bon moment. Celui où j'ai enfin mon équipe idéale de collaborateurs au sein de mon agence. Le moment aussi où je mets en œuvre une marque en mon nom, une marque d’objets et de mobilier.
Avant de revenir sur vos projets, pouvez-vous évoquer votre parcours ?
J’ai une licence en psychologie sociale et un cursus de design de quatre ans que j’ai suivi au Canada. Ensuite, j’ai travaillé dix ans avec l’architecte marseillais Christophe Barbarit. A ses côtés, je travaillais principalement avec des promoteurs et des marchands de bien. C’est une autre approche du métier. Puis, naturellement, j’ai eu envie de monter mon agence.
De quelle façon vos études de psychologie vous aident dans votre métier d’architecte d’intérieur ?
Cela m’aide essentiellement à traduire les besoins de mes clients. A les écouter, à mieux les comprendre. Dans mon métier, je me dois d’être multi-tâches. Je ne me vois pas comme une artiste, mais comme une conceptrice qui répond à des besoins. Ma force, je pense, est de traduire ces besoins et mes études de psycho m’aident beaucoup en cela.
Comment arrive-t-on dans le secteur fermé du luxe ?
Forcément par des rencontres. Avec un peu de chance aussi. La marque Iro m’a contactée en 2012 pour réaliser sa boutique marseillaise. Cela m’a offert une sorte de carte de visite. J’ai réalisé plusieurs boutiques pour Lulli. C’est grâce à Gaetan Goiran, son directeur commercial, que j’ai fait connaissance d’Anne Vouland, la fondatrice du groupe Lulli. Je finissais à ce moment-là l’hôtel Misincu*****, en Corse. Ce fut sans doute le bon moment. Mais déjà, en psycho, je m’intéressais au domaine du luxe. C’est donc une évolution logique pour moi…
Pourquoi cette attirance pour le haut de gamme ?
Ce qui me plait, c’est l’excellence, la recherche du détail. Travailler sur l’histoire d’un lieu et sur l’émotion et bien sûr, faire du sur-mesure.
Quelles sont vos sources d’inspirations ?
La Méditerranée ! Mon mari, Réza, est Grec (un des co-fondateurs des Grandes Halles), mes origines maternelles sont marseillaises (guadeloupéennes du côté paternel) et je vis à Marseille, donc forcément elle m’inspire.
Comment affirme-t-on son style, tout en restant dans l’air du temps ?
C’est là toute la difficulté de l’exercice. Je donne souvent l’exemple de la mode. On s’habille d’abord pour se sentir bien je pense, se mettre en valeur. Les tendances du moment sont un "plus". Dans mon métier, c’est pareil. Ce qui me permet une source d’inspiration infinie, entre mes idées, les attentes du client, ce qui plait à un instant T, tout en pensant à la pérennité du projet, pour éviter qu’il ne devienne démodé. C’est un juste équilibre pour rendre le résultat unique.
Vous rêvez de quoi aujourd’hui ?
De lancer ma marque Olympe Zographos. C’est prévu pour l’an prochain. C’est une continuité logique puisque pour des projets, comme celui de la boutique Frojo rue Grignan, à Marseille, j’ai dû créer du mobilier qui s’intègrait parfaitement à l’aménagement. Depuis toujours je dessine des objets, du mobilier…
C’est le bon moment sans doute…
Complètement ! Je me sens sans doute aussi légitime pour franchir cette étape, j’ai le réseau d’artisans pour la mettre en œuvre… j’en rêve depuis toujours ! Peut-être que j’ose enfin m’exprimer en mon nom et surtout, j’ai envie de m’amuser avec les matériaux et les formes. Mais j’aimerais aussi travailler sur du mobilier urbain pour des collectivités pourquoi pas, avoir de nouveaux challenges en collaborant avec de grandes marques hôtelières… Je ne m’interdis rien, pour autant que l’on me laisse carte blanche au niveau de la créativité.
Les Grandes Halles du Vieux-Port à Marseille ouvriront le 15 juillet
Travaillez-vous aussi pour le particulier ?
De façon très occasionnelle. Ce sont d’ailleurs généralement des clients professionnels qui me confient ensuite la réalisation de l’intérieur de leur maison. Mais nous avons déjà beaucoup de projets en cours à l’agence. Il ne faut pas s’éparpiller. Ce que j’aime faire, c’est comme pour les Grandes halles du Vieux-Port, porter un projet de A à Z. Avec son lot de bonnes et de mauvaises surprises durant le chantier ! Mais tout est enfin prêt pour l’ouverture ce vendredi 15 juillet.