Les Nouvelles Publications : Pourquoi avoir choisi de vous installer à La Ciotat ?
Céline Guth : Nous avions plusieurs propositions sur différents territoires (à Lyon, Strasbourg, Nantes, Montélimar et le pays de Gex) mais nous avons désiré d'implanter le groupe Aiôn à La Ciotat. Nous avions établi un cahier des charges et notre choix s’est finalement porté sur les Bouches-du-Rhône. Cette implantation s’est décidée pour diverses raisons : la dynamique territoriale avec le soutien des acteurs économiques et politiques, la CCIAMP, Provence Promotion, la Métropole Aix-Marseille Provence et la Région Sud, mais aussi la proximité de l'aéroport international, et la perspective de disposer du foncier disponible.
D'autres raisons ont-elles joué en faveur du territoire ?
En effet, l'existence d’un certain pouvoir d’achat sur la Côte d'Azur a été un élément important car notre groupe a deux marques de luxe, mais aussi le cadre de vie idyllique qu’offre la Provence, dans un environnement préservé. La Ciotat cochait donc toutes les cases. Qui plus est, nous avions la présence à Marseille d'une école d'horlogerie au lycée Vinci avec laquelle nous allons nouer un partenariat. Afin d’éviter une certaine volatilité de la main d’œuvre, nous souhaitions sortir du bassin économique de Franche-Comté, berceau de l'horlogerie.
Où vous êtes-vous installés précisément ?
Nous sommes installés depuis novembre 2021 dans un bâtiment provisoire de 2 600 m2 au parc des Restanques sur Athélia V puis nous allons débuter la construction d’un bâtiment à 400 mètres de notre bâtiment actuel. Celui-ci devrait avoir une superficie de 10 000 m² sur 30 000 m2 de terrain et devrait être prêt en 2026.
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Vous allez développer une activité industrielle sur le site. Comment allez-vous procéder ?
Dans un premier temps, pour débuter la production, nous allons déménager une partie de l'outil industriel soit une quarantaine de machines. Au total, nous avons environ 450 machines qui nécessiteront 30 semi-remorques. Nous disposerons également de machines industrielles comme par exemple des décolleteuses. Grâce à nos différentes filiales, nous effectuons un travail de conception (dessin, planches), mais aussi de fabrication de composants et de mouvements pour nos marques mais aussi en sous-traitance pour d'autres marques horlogères.
Quelle est la genèse du groupe Aiôn ?
Il faut remonter à 2016, date à laquelle Anthony Simao, major de sa promo de la célèbre école de Morteau, créé la marque de montre Lornet, en hommage au nom de son grand-père maternel. Après avoir travaillé pour les plus grandes marques, il a souhaité s'installer à son compte. Il a conçu des modèles de haute précision et de haute technologie qui ont tous été vendus. Il a rapidement cherché à se développer. Une rencontre a donné une autre dimension au projet et c’est ainsi qu'a été créé, cinq ans après, la holding Aiôn ce qui signifie éternité en grec.
Quels sont les fondateurs ?
Nous sommes quatre avec, outre Anthony Simao, Hubert Patural, Olimpiu Salcou et moi-même. Hubert Patural préside le conseil de surveillance. Le directoire est composé de trois personnes Olimpiu Salcou, en tant que président, Anthony Simao, directeur général délégué aux filiales et en ce qui me concerne, directrice générale déléguée à l'international.
Comment est structuré le groupe ?
Ce sont sept filiales distinctes qui œuvrent chacune pour nos marques de montres mais aussi d’autres marques horlogères ayant un besoin. Un bureau d'étude conception et développement, une manufacture qui produit les composants et les mouvements et les spiraux (petit ressort qui règle l’échappement du balancier des montres mécaniques). Une autre de nos filiales est en charge de l'assemblage et la décoration des composants, mais aussi du service après-vente. Nous avons également Hegid, notre marque étendard de montres évolutives, et Lornet notre maison ambassadrice de Haute Horlogerie. Enfin les deux autres filiales sont un réseau de boutiques de montres équipées de nos mouvements (avec des ouvertures prochainement à Paris, Monaco, et d'autres grandes villes européennes) et nous gardons celle à La Chaux de Fonds à proximité de Neuchâtel, afin de produire du Swiss Made pour les marques horlogères le désirant.
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Pourquoi une intégration d’Hegid ?
Nous avons récemment intégré Hegid dans le groupe, une marque créée en 2016 par Grégory et Henrick Gauché et Emeric Delalandre. Ce sont des connaissances de longue date d’Anthony Simao qui ont les mêmes valeurs et les mêmes ambitions pour l’horlogerie française. Henrick et Emeric travaillent désormais pour le groupe, en tant que responsable commercial et responsable marketing et communication. La montre Hegid est un concept de montres évolutives, personnalisables selon sa tenue ou son envie du jour.
Quel est l'effectif actuel du groupe et quelles sont vos ambitions à venir ?
Nous sommes pour l'heure une équipe de quinze personnes et nous devrions doubler l'effectif d'ici la fin de l'année. Notre objectif est d'avoir 160 salariés en 2026.
Vous venez d'effectuer des recrutements. Où en êtes-vous ?
Nous avons intégré sept opérateurs grâce à l’agence Pôle Emploi de La Ciotat. Ils ont tous signé un CDD de six mois qui devrait ensuite se transformer en un CDI. Nous avions eu environ 80 candidatures à traiter. Ce recrutement était basé sur des aptitudes d’où une sélection de profils sans diplôme et sans expérience en horlogerie et qui sont en formation depuis six mois. Il faut un an et demi pour être opérationnel. Nous avons recruté aussi des professionnels de l'horlogerie hautement qualifiés et ayant un parcours riche de diverses expériences dans les plus grandes marques horlogères, un responsable, ancien cadre de Louis Vuitton et Rolex qui va apporter son expertise et son expérience et un horloger issu de Breitling ainsi que notre directeur de bureau d'étude recruté chez Audemars Piguet.
Quelles sont vos ambitions ?
Nous sommes en phase de prototypages pour nos prochaines collections, qui iront ensuite en test de qualité et de résistance dans des organismes reconnus. Notre manufacture va produire pour nos marques mais aussi d’autres marques horlogères. Nous avons déjà des commandes pour nos mouvements. Nous préparons le déménagement des machines pour pouvoir ensuite débuter au plus vite la production en France. Les perspectives de développement sont multiples.
Quels sont vos objectifs en termes de production ?
Notre objectif est de produire d'ici 2023 environ 50 000 mouvements par an. Cela permettrait de couvrir les besoins de nos marques et les besoins identifiés des autres marques horlogères. Nous désirons accompagner les marques dans tout le processus de création d’une montre de la conception à la commercialisation. Nous avons été lauréat du Plan France Relance qui récompense les entreprises participant à la réindustrialisation de la France.
Quels sont les désirs du groupe Aiôn ?
Aujourd'hui, la France est reconnue dans toutes les branches du luxe excepté celui de l'horlogerie. Nous souhaitons réaliser des produits d’excellence manufacturés en France et ainsi pérenniser et développer les savoir-faire traditionnels d’excellence horlogers. Nous désirons ainsi redonner ses lettres de noblesse à l'horlogerie française et sa place sur la scène internationale.