Depuis ce lundi 14 février, le Mondial La Marseillaise à pétanque, le plus grand concours de boules au monde, est orphelin : son fondateur et président historique Michel Montana s’est éteint à l’âge de 90 ans, succombant à la Covid-19.
C’est à Oran en Algérie, sur les rives sud de la Méditerranée, que l’« homme aux mille et une vies », dixit Benoît Payan, le maire de Marseille, avait vu le jour en 1931 sous le nom d’Albert Tordjmann. Très vite, l’homme de music-hall, fantaisiste et imitateur son vrai métier, se choisit pour nom de scène Montana, car « ça sonnait comme Montand », aimait-il à rappeler le sourire aux coins des lèvres.
Sa destinée va ensuite être indéfectiblement liée au journal La Marseillaise, où il débute comme vendeur à la criée dès la fin de l’année 1949. Après avoir navigué dans différents services du titre issu de la Résistance, installé sur le cours d’Estienne-d’Orves, Michel Montana en sera durant plusieurs décennies le directeur de la publicité et des relations extérieures.
Sa vie bascule une deuxième fois en septembre 1961 lorsque Paul Ricard vient le trouver, accompagné de son directeur des ventes de l’époque, un certain Charles Pasqua. Le créateur du « jaune » le plus célèbre vient de quitter le patronage du prestigieux concours de longue du Provençal, qui réunit alors plus de 2 000 équipes. Michel Montana et Pierre Andreis, le chef des sports du quotidien, lui suggèrent de miser sur la pétanque. Un pari fou tant la longue est à l’époque, et de loin, la discipline la plus populaire. Pourtant, le plus grand concours de boules au monde venait bel et bien de naître…
« Michel Montana, un homme modeste et flamboyant à la fois »
Au fil des années, le Critérium du Sud-Est, sa première dénomination en 1962, deviendra le « Roland-Garros des boules », tel que l’avait surnommé Yves Mourousi, réunissant plus de 4 000 équipes (12 000 joueurs) au prélude de l’été dans les allées du parc Borély et faisant de la cité phocéenne la capitale mondiale de la pétanque. Un concours dont Michel Montana a présidé la destinée jusqu’au printemps 2017.
« Nous souhaitons rendre hommage à cet homme engagé, un homme modeste et flamboyant à la fois, un homme aux vies multiples, profondément ancré dans Marseille dont il a porté les couleurs tout au long de sa vie, a réagi Jean-Luc Chauvin, président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Aix-Marseille Provence. Capable de mobiliser toutes les forces de notre territoire, il a su faire rayonner Marseille et la Provence en faisant du Mondial La Marseillaise là pétanque un événement sportif et international de premier plan, un événement à son image, populaire et festif. »
Benoît Payan a lui aussi tenu à rendre hommage à celui qui avait passé son enfance au cœur du 15e arrondissement de Marseille, se remémorant « sa personnalité chaleureuse et son charisme naturel ». « Passionné de pétanque, Michel Montana a été l’artisan du succès du Mondial La Marseillaise à pétanque, premier rassemblement au monde du genre et fierté de notre ville. Proche des communistes comme du monde du spectacle, il a permis à cette fête de réunir chaque année amateurs boulistes et célébrités médiatiques. Cet homme de conviction, fidèles à ses idées humanistes, a été un formidable ambassadeur pour notre ville », salue le maire de Marseille.
