Les Nouvelles Publications : En tant que nouveau bâtonnier du barreau d'Aix-en-Provence, quels sont les sujets qui vous semblent prioritaires ?
Me Benoît Porteu de la Morandière : Il faut d’abord que je prenne mes marques et que je fixe la manière dont nous allons travailler. Je souhaite d’abord m’attaquer aux outils de l’Ordre, en particulier informatiques. Il nous faut disposer, dans les meilleurs délais, d’un site à la hauteur d’un barreau comme le nôtre. Mais il nous faut aussi adapter nos logiciels et mettre en place les dernières évolutions.
Je vais, en parallèle, créer plusieurs commissions destinées à (re)créer des liens chroniques et réguliers avec nos juridictions. Ecouter leurs difficultés et faire valoir nos contraintes.
Lorsque les conditions sanitaires le permettront, il nous faudra reprendre le cours normal de nos relations en repensant les événements conviviaux, qui sortent du cadre strictement professionnel. Deux nouvelles commissions vont être créées à cet effet. L’une pour nos événements « internes », l’autre pour ceux tournés vers l’extérieur. J’en reparlerai en janvier. J’ai beaucoup d’idées et d’envie ! Sans doute trop. On fera au fur et à mesure.
Quels sont vos liens avec les autres bâtonniers ?
Une nouvelle génération de « jeunes » bâtonniers, ayant majoritairement entre 40 et 50 ans, arrive en même temps que moi. Nous nous retrouvons lors de la Conférence régionale des bâtonniers qui réunit les bâtonniers de chacune des cours d’appel d’Aix-en-Provence, de Nîmes (Gard) et de Bastia (Haute-Corse) notamment.
Cette Conférence régionale est un organe très efficace qui permet de vrais échanges au niveau local. Elle doit nous permettre de mettre en place des pratiques communes, tout en étant une vraie force collective de proposition et de contre-pouvoir. Depuis le 1er janvier, c’est Jean-Raphaël Fernandez, bâtonnier de Marseille, qui est à sa tête. Notre objectif est de travailler ensemble, et de partager les problèmes et les difficultés auxquels chacun est confronté. Depuis six mois, nous nous sommes réunis plusieurs fois entre bâtonniers élus pour échanger sur les sujets sur lesquels nous souhaitons collaborer.
C’est-à-dire ?
Individuellement, il faut que nous nous inspirions et nous enrichissions des idées, compétences et pratiques de chacun. Et collectivement, nous pouvons être le « moteur » d’améliorations locales substantielles. L’un des sujets sur lequel les barreaux peuvent être précurseurs, c’est celui d’une harmonisation des pratiques des juridictions. On sait que, d’un tribunal à un autre, que ce soit tribunal de commerce, judiciaire, conseil des prud’hommes, etc., les modes de fonctionnement diffèrent. C’est un véritable obstacle à la fluidité de notre activité quotidienne. Les avocats œuvrent souvent dans l’ensemble des juridictions du ressort de leur Cour voire au-delà. Si nous parvenons à harmoniser, ne serait-ce qu’un peu, le fonctionnement des uns et des autres, les avocats gagneront en efficacité. Et puisque notre ministère ne semble pas intéressé par le sujet et qu’il préfère multiplier les réformes sans nous consulter, nous pouvons, quant à nous, essayer de nous en emparer.
A Marseille, la justice donne de la voix pour dénoncer le manque de moyens