La conférence de presse, à l'ancienne Bourse du travail de Marseille, siège de Force ouvrière, est qualifiée par tous d'« historique ». CPME, UPE, U2P, CFE-CGC, CFDT, FO et la CFTC (absente mais partie prenante de la démarche) se sont donc réunies pour la première fois pour parler d'une seule et même voix. La raison de cette union sacrée ? La décision municipale du 12 février dernier, « sans aucune concertation » avec les syndicats, de prolonger la zone touristique internationale jusqu'au Prado et ses alentours (7e et 8e arrondissement, de la Pointe-Rouge au boulevard Michelet, incluant bien sûr le futur centre commercial du Prado, dont l'ouverture est attendue le 28 mars). S'ils ne sont pas « contre » le travail du dimanche ni la création de cette nouvelle zone attractive, chacun a martelé sa préoccupation, commune : (re)donner vie à l'hyper-centre de Marseille.
Bien sûr, ils reconnaissent que des améliorations existent, notamment du côté de la propreté. Pour autant, les parkings restent toujours aussi chers, les transports en commun quasi inexistants le dimanche et seuls les Dimanches de la Canebière créent « un peu d'animation, mais c'est insuffisant ». Ensemble, ils ont donc demandé un rendez-vous au plus tôt avec le maire de Marseille et ont signé, à la fin de la conférence de presse, une lettre adressée au Préfet, décisionnaire final de cette extension. Leur souhait ? Que la Ville et la Métropole mettent au point un plan d'action en direction du centre-ville.
« Oui mais »
« Une métropole sans cœur de ville ne peut fonctionner », assure Alain Gargani, président CPME13. « Nous ne sommes pas contre l'ouverture dominicale, en revanche, nous sommes surpris de cette mise devant le fait accompli. Nous tous, nous représentons le territoire. Notre voix compte ».
De son côté, le secrétaire général CFDT 13, Cyril Jouan, rappelle que « oui nous défendons l'emploi des salariés, oui nous sentons un véritable développement économique en centre-ville. Comment concilier les deux ? Nous devons y réfléchir ensemble car un centre-ville qui se développe favorise l'attractivité d'une métropole ».
André Bendano, président de l'U2P, l'union professionnelle des artisans et des professions libérales, ajoute que « 94 % des entreprises en France sont des TPE et que le monde politique doit en tenir compte ». Nul doute que cette décision municipale, découverte par voie de presse, a quelque peu heurté. Si le fond de l'ouverture dominicale fait consensus, la forme de l'annonce en revanche n'est toujours pas digérée.
Syndicats employeurs et salariés disent un grand « oui mais », oui au travail dominical sur la zone des quartiers sud, mais « une fois que le chantier du centre-ville sera terminé », déclare Jacques Biancotto, président de la branche commerce à la CFE-CGC. Il rappelle d'ailleurs à juste titre qu'une zone touristique internationale (ZTI) induit « une affluence touristique exceptionnelle ». Pour l'instant, du côté du Prado, mis à part les matchs du Vélodrome, personne ne constate d'affluence particulière. La ZTI du centre-ville reste d'ailleurs un échec, puisque les touristes, notamment les croisiéristes, se font toujours rares, préférant rester du côté de la Joliette. Johan Bencivenga a d'ailleurs un mot dur pour qualifier cette prise de position municipale, parlant d'une « aberration ». Là dessus, le consensus est donc unanime : c'est un problème de « phasage », pas de fond sur l'ouverture dominicale. Un dossier brûlant que le Préfet va devoir trancher…
Actualisation le 28 février :
Suite à l'interpellation de la CCIMP durant la conférence de presse par André Bendano, président de l'U2P, la Présidente de la délégation des Bouches-du-Rhône de la Chambre de métiers et de l'artisanat de région Monique Cassar, également vice-président de la CCIMP, a répondu par voie de communiqué, précisant que « la décision prise par le conseil municipal le 12 février dernier, n'a fait l'objet d'aucune information préalable ». « La Chambre de Commerce et d'Industrie Marseille Provence et la délégation des Bouches du Rhône de la Chambre de Métiers et de l'Artisanat Région prennent cependant acte de l'ouverture prochaine de la période de concertation à l'issue de laquelle Monsieur le Préfet devra définitivement valider ou pas le nouveau périmètre. Et elles comptent bien peser sur celle-ci. »