« C'est comme à la maison, quand on décide de ne plus sortir la poubelle. Ce n'est qu'une fois que 40 se sont accumulées que quelqu'un décide de bouger », lance, Geneviève Maillet, bâtonnier du barreau de Marseille, à sa sortie de la préfecture ce mercredi matin. Une heure plus tôt, entre 200 et 300 avocats des barreaux de Marseille et Aix s'étaient réunis sur les marches du palais Monthyon avant de prendre la direction de la préfecture devant laquelle ils ont jeté puis brûlé leur code, qu'il soit civil ou pénal.
Au cours de cet entretien, auquel ont également assisté Yann Arnoux-Pollak, prochain bâtonnier, et Christian Lestournelle, ancien bâtonnier et membre du conseil de l'ordre, une lettre (voir encadré) adressée au président de la République Emmanuel Macron a été remise au préfet. « Nous ne pouvons pas nous en satisfaire mais c'est un premier pas. Nous sommes obligés de considérer qu'il y a eu une ouverture », confie Geneviève Maillet depuis la Maison de l'avocat. Et Yann Arnoux-Pollak d'ajouter : « C'est juste une étape qui marque le début d'un débat qui va continuer si nous ne sommes pas entendus. »
« Inadmissible »
L'adoption par l'Assemblée nationale du controversé projet de loi de programmation de la justice dans la nuit de mardi à mercredi n'a donc pas brisé la détermination des avocats. Ils dénoncent toujours le transfert de la fixation des pensions alimentaires au directeur de la CAF au lieu du juge, la création d'un tribunal criminel départemental, la dématérialisation à outrance... En somme une réforme qui éloigne le justiciable de l'institution censée le défendre.
Et la pilule est d'autant plus difficile à avaler que la profession avait participé aux discussions en amont de la présentation du projet de loi. « En concertation, nous avions réussi à faire enlever des dispositions », explique Christian Lestournelle. Pourtant, elles se sont retrouvées dans le texte de loi. « Nous avons l'impression d'être les cocus de la République », fustige ainsi Yann Arnoux-Pollak. « Soit la Chancellerie nous a trompés pendant six mois, soit elle s'est laissée déborder par les parlementaires de la majorité qui ont fait revenir par le biais d'amendements ce qui nous avions justement enlevé. Dans les deux cas, c'est inadmissible », tranche de son côté Christian Lestournelle.
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Les sénateurs et députés doivent encore définir un texte commun en commission mixte paritaire. Si ce n'est pas le cas, une nouvelle lecture sera organisée dans chacune des chambres, pour une adoption définitive à une date encore inconnue.