C'est vêtus d'un rabat rouge symbolisant « la colère » que plusieurs centaines d'avocats marseillais se sont rassemblés sur le parvis du palais Monthyon ce lundi 6 janvier pour marquer leur opposition à la réforme des retraites menée par le gouvernement. Celle-ci prévoit en effet la fin de leur régime autonome au profit du régime universel.
Marseille : l’unanimité syndicale contre la réforme des retraites
« On ne peut plus nous opposer l'universalité car au moins huit professions bénéficient déjà d'avancées », répond au mégaphone le bâtonnier du barreau de Marseille, Me Yann Arnoux-Pollak, bien décidé à ce que les avocats en fassent à leur tour partie. « On nous déclare la guerre alors il faut réagir. Nous devons expliquer à ce gouvernement qui nous méprise que nous sommes présents et déterminés », clame-t-il encore, appelant ses confrères à descendre dans la rue le 9 janvier.
Si les avocats s'étaient déjà mobilisés lors d'une journée « justice morte » le 5 décembre, le mouvement s'intensifie donc. Le conseil de l'ordre du barreau de Marseille a voté ce midi une grève « dure » d'une semaine avec demandes de renvois et absence des prétoires.
« Qui va perdre dans tout ça ? »
« Cette réforme a pour incidence de faire baisser nos pensions et d'augmenter nos cotisations, ce qui frappe les revenus les moins importants, les plus petits cabinets », dénonce Me Shirley Leturcq, avocate depuis 11 ans. En effet, si la réforme devait passer, 40 % des cabinets pourraient disparaître selon un chiffre avancé par le bâtonnier. Me Diane Tuillier le confirme : « Pour compenser, je devrais alors multiplier mes charges par deux et cela deviendrait impossible d'exercer mon métier puisque les clients ne pourraient pas suivre. » La solution serait alors pour elle de se reconvertir, en avocat d'entreprise par exemple.
Les conséquences pourraient aussi être le développement de grosses structures à l'américaine ou encore la naissance de déserts juridiques dans certains domaines, sociaux notamment, puisque les avocats se dirigeront vers ceux les plus lucratifs. Et Yann Arnoux-Pollak de demander : « Qui va perdre dans tout ça ? Qui ? Le citoyen. Alors si on veut faire en sorte qu'il ne puisse plus accéder à la justice, que l'on continue à mener ce système de réforme sans concertation avec les premiers concernés. Voilà ce que ça va générer, le citoyen va y perdre. »