Quelques minutes sur place suffisent à mesurer le potentiel économique du pôle aéronautique Jean Sarrail à Istres. Un terrain de presque 33 hectares, un bâtiment principal de 300 mètres de long, des dépendances, des plateaux de bureaux, pour une surface totale bâtie de 45 000 m2. A proximité, se situe la base aérienne 125 avec ses moyens d'essais en vol et au sol, des entités de référence mondiale (DGA, Dassault Aviation, Safran…). Depuis quelques années, cet immense espace était une friche ponctuellement utilisée. Mais son avenir semble aujourd'hui mieux tracé. L'objectif est de capitaliser sur le savoir-faire d'Istres dans l'aéronautique pour accueillir des activités qui ne peuvent prendre place dans l'enceinte de la base.
Deux entreprises s'y annoncent déjà : AéroTech Pro, spécialisée dans la maintenance, l'assistance technique et les services à l'aviation, projette d'y intervenir sur l'Airbus A400M, et le projet de plate-forme stratosphérique Stratobus, piloté par Thales Alenia Space. « Nous devons livrer le site pour février-mars 2019 pour la première, avec une première tranche de 4 500 m2 et 10 000 m2 à terme, et septembre 2019 pour la seconde », indique Véronique Lapeyre, directrice de la SPL en charge d'organiser la reconversion et de superviser le chantier d'aménagement évalué à une douzaine de millions d'euros. « La modularité du bâtiment permettra de s'adapter à la demande des industriels intéressés. »
Il faut préalablement consolider les charpentes et les sols, moderniser les réseaux (eau, électricité…) et la sécurité incendie, réhabiliter les portes d'accès de 43 et 45 mètres de hauteur, bref, remettre l'ensemble aux normes… A l'extérieur, un terrain de 9 hectares dont 4,5 en bord de piste. « Il y aura la place pour développer une supply-chain complète », assure-t-elle.
Une filière à bâtir
Les estimations font état de la possibilité d'y édifier 100 000 m2 supplémentaires, la mairie d'Istres imaginant un « Airship Village ». En février 2014, l'ex-Syndicat d'agglomération nouvelle Ouest Provence avait acquis les lieux pour 13,8 millions d'euros, avec l'aide du Conseil départemental (6 millions d'euros). « Mon adjoint Gilbert Ferrari, et moi-même pressentions qu'un projet d'exception pourrait se conduire autour de ces atouts considérables, glisse François Bernardini, maire d'Istres. Ici, l'industrie a sa place, mais il faut des moyens pour la construire. » Le maire fait un appel du pied à la Caisse des dépôts et sa Banque des territoires pour combler sans tarder le budget.
Les projets qui se dessinent semblent prometteurs. Le groupe chinois AVIC, avec Flying Whales et l'Office national des forêts, voudrait concevoir un dirigeable destiné au transport de charges lourdes jusqu'à 60 tonnes. « L'engin pourrait fonctionner sans nécessiter d'infrastructure et avec une très faible empreinte environnementale. Le site préféré de ces opérateurs est Istres », souligne André Soulage, directeur du Plan industriel national « Dirigeables » qui sait que d'autres régions seraient ravies de le capter. Pour Stratobus, Istres compte également de nombreux attraits, à ses yeux. « On peut contrôler aisément la zone pour y réaliser des essais de machines nouvelles. » Pour lui, « si l'intégration de dirigeables s'opère ici, il y aura matière à faire émerger une filière intégrée, avec énormément de sous-traitance. C'est tout un écosystème à réinventer ». Venue récemment sur le pôle, Martine Vassal, présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence, voit encore plus grand : « Istres pourrait, avec de tels projets, tenir la dragée haute à la région toulousaine, puisque l'aéronautique constitue l'un des six piliers stratégiques de l'économie de notre territoire ».
Le Hall Mercure en chiffres-clés
20 000 m2 d'ateliers
6 000 m2 en mezzanine
4 000 m2 de locaux tertiaires en façade est en plateaux autonomes de 750 m2
17 mètres de hauteur libre sous charpente