Comment une petite boîte familiale marseillaise, présente sur un marché classique - les fruits secs - peut connaître depuis quatre ans une très belle croissance et fonctionner avec les process des grandes entreprises ? Telle est la question à laquelle Stephan Brousse a tenté de répondre, mi-décembre, lors du dernier déjeuner-débat de l'année 2017 organisé par la Cefim. Cet homme d'affaires, PDG de Brousse Vergez (Marseille), très engagé dans les mouvements patronaux (dans sa filière fruits secs, puis dans l'interprofession, à l'UPE 13, au Medef Paca et enfin, au Medef national), a témoigné avec conviction et enthousiasme sur le rôle majeur du dirigeant pour une entreprise.
Voir ailleurs
« A un moment donné, le chef d'entreprise est limité, il n'a pas assez d'ouverture d'esprit », estime Stephan Brousse. Sa solution ? « Il doit aller voir ailleurs. Il doit être confronté à d'autres personnes, des grands hommes, de belles entreprises. » Pour lui, pas de doute, « au contact des autres, on grandit, on pioche de bonnes idées ».
Ce chemin, Stephan Brousse l'a emprunté en allant à l'UPE 13, puis au Medef Paca et national. « Dans le syndicat, j'ai appris comment se font et se défont les lois. On découvre vite que les lois sociales sont nombreuses. On rencontre aussi de grandes personnalités, de bons professionnels. »
Au final, le constat est sans appel : « le principal frein de ma boîte, c'était moi ». Et d'ajouter : « En militant au Medef, j'ai beaucoup progressé. Si j'ai réussi, pourquoi pas vous ? »
Reste à revenir dans sa boîte et profiter de cette expérience acquise.
De frein devenir un moteur
Deux leviers sont importants pour grandir : les fonds qu'on peut lever pour avancer et le niveau de compétence des gens qu'on embauche.
« Pour avoir accès à des fonds, il faut convaincre les banquiers. C'est-à-dire les comprendre, leur donner des garanties, se tourner vers les bons interlocuteurs. Et aussi et surtout, avoir un vrai projet d'entreprise, bien réfléchir au futur », explique Stephan Brousse.
Concernant le niveau des salariés, il a radicalement changé sa façon de penser. « J'ai appris qu'il fallait monter le niveau de compétence. Il faut bien les payer aussi (des niveaux de rémunération supérieurs à 100 000 euros s'il le faut). Avant, mon idée était de payer le moins possible ! » Pour attirer les bons profils, « il faut rendre votre PME plus sexy. J'ai été plus visible grâce à mes casquettes en dehors de la société. J'ai aussi de nouveaux bureaux. » Pour séduire, il recommande également « d'avoir la pêche sinon les salariés ne vont pas croire en votre projet, à sa réussite possible ». Il est important bien entendu « de montrer l'exemple, de savoir rester humble. C'est-à-dire s'appliquer à soi-même ce qu'on demande aux autres. »
Enfin, il faut travailler sur la motivation des salariés. « Pour qu'ils soient heureux au travail et aient envie de rester. Chez nous, nous avons, à titre d'exemple, une salle de sport, mais aussi de l'intéressement et de la participation. Non seulement nous motivons sur des projets (vision claire du métier) mais nous proposons à nos équipes un retour sur investissement. »
Dernier conseil et non des moindres : « Il faut épauler les salariés lorsqu'ils échouent. Les bonnes idées nécessitent de prendre des risques et parfois de se tromper. Pour ne pas leur faire perdre la niaque, il faut qu'ils se sentent épaulés en cas de coup dur. »
Stephan Brousse l'a déjà annoncé et reste sur ses positions : « Je dois libérer le plancher. Je dois arrêter l'année prochaine mon travail et laisser la place aux nouvelles générations. » En attendant, il savoure ses moments de bonheur en entreprise.