Si la Chine a été le premier pays touché par la Covid-19, ses mesures rapides et strictes ont permis de contrôler sa propagation. Au 1er trimestre 2021, elle affiche une croissance record de 18 % du PIB (Produit intérieur brut). Sur la même période, il y a un an, le PIB avait baissé de 6,8 % (la plus faible performance en 44 ans).
La progression du PIB résulte en grande partie de la reprise des exportations alors que la consommation des ménages est encore affectée par un marché du travail pénalisé par le chômage. Officiellement, le chômage en Chine s’élève à 5,3 % au mois de mars mais ce chiffre ne tient pas compte d’environ 300 millions de travailleurs ruraux qui viennent travailler dans les zones urbaines et qui ont été très fortement impactés par la Covid.
Les autorités chinoises ont choisi de privilégier l’aide aux entreprises et les consommateurs chinois, en raison de la faiblesse de la protection sociale, ont préféré épargner pour pouvoir payer leurs frais de santé et assurer leur retraite. Le taux d’épargne en Chine est proche de 40 % (35 % en 2019).
La consommation, qui a progressé depuis l’été 2020, est un reflet des inégalités. Les ventes au détail de biens de luxe ont ainsi augmenté de 20 % sur le 4e trimestre 2020 marquant un fort écart entre la nécessité d’épargner d’une large frange de la population et les revenus élevés tirés d’investissements d’une petite partie de la population urbaine.
Le pays face à des enjeux majeurs
La Chine doit désormais faire face à deux facteurs qui peuvent fragiliser sa croissance.
Le premier est démographique. Le taux de fécondité est en chute libre et s’établit désormais à 1,3 enfant par femme. En raison de la politique de l’enfant unique et de la préférence pour les garçons, le nombre de femmes en âge de procréer est bas et cette tendance va s’accentuer avec un recul anticipé des femmes de 20 à 35 ans dans les dix prochaines années. La population de la Chine va entrer dans une phase de déclin avant 2025. Cela pourrait avoir des conséquences négatives sur la consommation.
Le deuxième facteur est lié aux engagements pris par le gouvernement en matière d’émissions de CO2, l’objectif étant d’atteindre la neutralité carbone en 2060. Pour réussir ce pari audacieux, il sera nécessaire de réorienter l’économie vers une part plus importante de services, revoir les infrastructures, modifier les modes de consommation, adapter les villes et l’habitat, et cela devra se faire sans déstabiliser le niveau de vie du consommateur chinois, au risque de devoir faire face à des mouvements sociaux préjudiciables à la stabilité politique.
La Chine retrouve actuellement un rôle déterminant dans l’économie mondiale. Elle pourrait reprendre son rang de première économie mondiale, qui était le sien quelques siècles en arrière, d’ici 20 ans avec un PIB global supérieur à celui des Etats-Unis, même si le niveau moyen par habitant restera proche du tiers de celui d’un habitant des Etats-Unis.
Dans les prochaines années, la Chine devra faire face à des enjeux démographiques, écologiques, sociaux, politiques et géopolitiques majeurs. Ses réponses à ces questions lui donneront ou pas la possibilité de retrouver un premier rôle actif au sein de la communauté internationale.