« Nous avons investi dans un bâtiment et des stocks. C’est un vrai choix stratégique », explique Noël Poinsignon, directeur général adjoint d’IES Ingrédients, qui en tire aujourd’hui les bénéfices. La PME fondée en 1993 par François-Patrick Sabater peut continuer à fournir ses clients de la cosmétique, de la parfumerie et des arômes alimentaires alors que ses fournisseurs rallongent les délais de livraison en raison des tensions internationales. Ce site de 3 000 m2, inauguré le 10 juin à Allauch, a permis, avec 1 350 m2 dédiés, de quintupler la capacité d’entreposage par rapport aux anciens locaux. Le jeune dirigeant admet que stocker par anticipation pèse sur la trésorerie, mais que les marques, les façonniers, les laboratoires de composition que l’entreprise sert en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique, apprécient cette fiabilité de relation. Elle doit d’autant plus se montrer à la hauteur que ses fournisseurs s’appuient sur elle à titre de distributeur exclusif. « Nous avons toujours voulu cette spécificité pour proposer du sur-mesure », dit-il. « C’est une valeur ajoutée, une force pour maîtriser la connaissance de toutes les gammes de nos partenaires », ajoute le PDG, François-Patrick Sabater.
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Ce qui n’empêche pas IES Ingrédients d’être confrontée à des dilemmes : les coûts des matières premières augmentent, ceux de l’énergie explosent, la guerre entre l’Ukraine et la Russie alourdit les risques de batailles sur la sauge sclarée et certains délais affichés dépassent ce qu’un entrepreneur raisonnable peut anticiper. « Sur certains bouchons ou emballages, on nous parle de 52 semaines… », glisse Noël Poinsignon. IES emploie 23 personnes pour un chiffre d’affaires (CA) de 33 M€ réalisé à 70 % en France et 30 % à l’export. « Pour 2022, nous tablons notre CA sur 36 M€ », confie le PDG.
Nouveaux déploiements en vue
Dessiné par Didier Becchetti Architectes, le nouvel édifice "éco-conçu", avec sa façade végétalisée et très lumineux, doit respecter une multitude de contraintes d’aménagement afin d’éviter que les odeurs s'entremêlent et se percutent. Les espaces sont donc strictement segmentés entre les différents secteurs de destination (parfumerie, cosmétique, alimentaire) et entre matières premières naturelles (plus de 200 références sur 650) et les produits de synthèse. « Ce nouveau bâtiment nous a permis d’accentuer cet aspect très "industrie pharmaceutique". Nous avons installé des sas matières, des sas pour les personnels… », explique Noël Poinsignon. Il abrite également trois laboratoires visant à valoriser les applications possibles des matières premières : crèmes solaires, actifs cosmétiques, vitamines, gels douche, shampooings… Sur les 5 M€ d'investissement, 150 000 euros ont été affectés à de la R&D. Un ingénieur R&D a été recruté à l’occasion de ce projet et encore trois à cinq collaborateurs devraient être embauchés. Un renforcement de la digitalisation est également au programme et à l’international, une implantation à Dubaï démarrera avec deux personnes mais pourrait en compter sept dans les trois ans, en raison des attentes inventoriées sur l’Arabie Saoudite, l’Afrique... Environ 500 000 euros sont consacrés à ce déploiement.
Répondre aux exigences
Sur le plan commercial, les évolutions de ses marchés ont conduit IES à remodeler son approche : « Nous analysons le besoin de nos clients. Aujourd’hui, de plus en plus de marques tendent à vouloir du 100 % bio, du 100 % naturel », indique le dirigeant. Nombre de ses fournisseurs planchent déjà sur des biotechnologies, sur l’upcycling… « Et nous avons toujours beaucoup de matières premières issues de notre région » rappelle Noël Poinsignon. « Si j’ai appelé la société IES (International Express Services), c’est parce qu’il y a "Yes". Un distributeur doit toujours savoir dire oui et agir vite », rappelle François-Patrick Sabater, en saluant le grassois Givaudan, à l’origine de la demande qui a engendré la création de la société.