Les Nouvelles Publications : Quel est le rôle de la Fondation de France ?
Cécile Malo : La Fondation de France aide les particuliers et les entreprises à monter leur projet de fondation d’intérêt général, quelle que soit sa périodicité. Il peut s’agir d’une fondation liée à une urgence, je pense à l’Ukraine par exemple, comme d’une fondation qui s’inscrit dans la durée. La Fondation de France Méditerranée a été créée en 1979, dix ans après la naissance de la Fondation de France. Elle compte une quarantaine de bénévoles et abrite une soixantaine de fondations dont une trentaine dans les Bouches-du-Rhône.
Quelle est la force du label Fondation de France ?
C’est plus qu’un label ! Il y a trois raisons qui poussent les gens à nous solliciter : l’aspect financier, notre réseau et le cadre juridique et fiscal que nous proposons. Il faut une enveloppe minimum de 200 000 € pour la création, lissée sur cinq ans. Nous offrons un service à la carte et sommes là aussi pour guider les futurs fondateurs quand ils ne savent pas vers quel domaine s’orienter.
Vous faites du sur-mesure…
Complètement. La Fondation travaille avec les pouvoirs publics et les associations au quotidien. Nous savons là où il y a des trous dans la raquette et là où il y a de vrais besoins pour la population.
Depuis quand les entreprises créent-elles des fondations ?
C’est assez récent sur notre territoire. Je dirais qu’il y a un avant et un après Marseille capitale européenne (2013). La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est aussi une donnée relativement nouvelle pour l’entreprise. Nous avons en France quelque 500 « entreprises à mission ». Le monde économique crée des fondations depuis seulement quelques années. C’est d’ailleurs pour cette raison que la plupart des fondations que nous abritons ont été initiées par des particuliers, de leur vivant ou par testament.
Pouvez-vous nous citer quelques-unes des fondations d’entreprise des Bouches-du-Rhône ?
On répertorie, dans les Bouches-du-Rhône, une petite douzaine de fondations d’entreprise. Les plus actives et dynamiques sont celles de la Logirem, du Crédit Agricole Alpes Provence, d’Onet, du Roy René, de Pernod-Ricard, d’Airbus Helicopters, de la CMA-CGM et de CIS.
Cela prend combien de temps pour monter une fondation ?
Nous allons assez vite, entre trois et six mois. Le bureau national se réunit tous les trois mois pour valider les demandes. L’avantage de passer par nous, c’est que nous réduisons considérablement la procédure d’instruction.
Avez-vous besoin de bénévoles dans le département et quels profils recherchez-vous ?
Oui, toujours, car nos bénévoles ont un mandat de quatre ans renouvelable une seule fois, pour une question d’indépendance et d’éthique. Nous avons besoin de chefs d’entreprise. C’est important de parler de pair à pair. Ils ont une connaissance précieuse du terrain, de la gestion. Nous avons aussi un besoin important de personnes issues de l’éducation nationale ou du monde associatif qui connaissent bien la question de l’enseignement.
Pourquoi avoir créé en 2019 la Fondation de Marseille ?
Parce que la ville a des besoins énormes en termes d’éducation, d’aides à la formation, de retour à l’emploi, de soins… nous avons à Marseille 200 000 personnes qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté. C’est un axe d’intervention précieux pour repérer et mettre en place des projets utiles pour le territoire. Cette fondation a été créée directement par des entreprises et non à titre personnel.
Vous travaillez aussi avec la Métropole via le Lab des Possibles. En quoi consiste cette initiative ?
A Marseille, nous travaillons avec plusieurs personnes du service « cohésion sociale » de la Métropole Aix-Marseille. Ce service a monté le Lab des Possibles. Cette initiative vise à faire « autrement » en termes de politique publique territoriale. Ils sont convaincus que la philanthropie s’avère un excellent levier d’innovation dans les territoires. Avec Le Lab, dès l’été dernier, nous avons repéré une dizaine d’acteurs, porteurs de changements sur le territoire de Marseille, notamment contre la pauvreté. Ensemble, nous inventons des solutions totalement sur-mesure et adaptées à la complexité des territoires, tout en favorisant le collectif public/privé et l’implication des habitants !
Un exemple ?
C’est dans le cadre de cette collaboration que nous accompagnons l’association Pain et Partage. Il s’agit d’une entreprise d’insertion qui produit du pain bio et qui porte un projet ambitieux autour de l’alimentation. Nous sommes à la fois des incubateurs, des coachs, avec une grande capacité de mise en relation.
Pour conclure, quelle actualité souhaitez-vous mettre en avant ?
Une opération nous mobilise beaucoup en ce moment. Il s’agit de Marseille pour le Bien commun. Pour la première fois, nous organisons à Marseille une grande soirée dédiée à l’engagement et à la générosité. Elle est organisée avec Obole, une start-up nantaise au service du bien commun. La soirée se déroulera le 16 mai prochain au Palais du Pharo.
Quel en sera le but ?
Nous lèverons des dons au profit d’associations et d'entrepreneurs sociaux du territoire. Nous sommes en train de finaliser le comité de soutien qui sélectionnera la dizaine de participants, invités à pitcher pour défendre leur projet et obtenir un maximum de dons. Un grand oral est prévu le 7 avril pour trouver les 10 porteurs invités à la soirée. Nous avons déjà parmi le comité de soutien Fatec group, Dominique Bluzet ou encore la Banque Rothschild Martin Maurel. Mais nous sommes encore preneurs de chefs d’entreprise ou de particuliers qui voudraient participer à cette sélection…