Plus d’un recrutement de cadre sur deux s’avére difficile en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse, selon le dernier baromètre de l’Apec*. Ces difficultés de recrutement semblent plus complexes dans le Sud qu’ailleurs en France. Plusieurs phénomènes expliquent cette situation selon l’Agence pour l’emploi des cadres.
Les offres d’emploi en forte hausse
Après le retour de la croissance à la suite de la crise Covid, le marché de l’emploi pour les cadres en Paca-Corse a retrouvé une belle vigueur. Mais le manque de candidats reste conséquent. Le site de l’Apec comptabilise 29 % de de volume supplémentaire d’offres d’emplois au troisième trimestre 2022, par rapport à l’avant-crise du Covid. L’Agence pour l’emploi des cadres comptabilise 10 444 offres publiées, contre 8 122 en 2019. Il atteint ainsi une hausse record en termes d’offres d’emplois pour les cadres en Paca et en Corse. Ce serait, au total d’ici la fin de l’année, 18 100 emplois cadre attendus dans les deux régions.
« Des prévisions de recrutement qui restent bien orientées, malgré l’incertitude générée par la dégradation du contexte économique liée à la crise inflationniste », soutient Anthony Fumard, délégué régional Apec Provence-Alpes-Côte d’Azur.
L’Apec a annoncé en prévision d’ici la fin de l’année, une évolution de 3 % dans les recrutements de cadres (en CDI et CDD d’un an et plus) par rapport à 2021, et 5 % par rapport à 2019, soit au total 18 100 embauches de cadres pour l’année 2022.
Pas suffisamment de candidats
L’offre de recrutements explose, mais la demande ne suit pas. Toujours selon l’Apec les entreprises en Paca-Corse estiment que 6 embauches de cadres sur 10 prévues vont s’avérer difficiles (57 %), une différence de 6 points par rapport à la moyenne nationale (51 %). « Les régions Paca et Corse boostées par leur attractivité exceptionnelle n’offrent pas assez de candidats correspondant aux besoins des recruteurs comme dans tout le pays », confirme Anthony Fumard. Une des raisons majeures à ces difficultés serait la pénibilité de l’accès au logement, qui freinerait l’installation des cadres, notamment venus d’ailleurs. L’axe Marseille-Aubagne, Aix-en-Provence et Cannes-Antibes-Nice concentrent à eux seuls environ 70 % des 230 000 cadres actuellement en poste en région Paca et en Corse.
« Gap ou Manosque par exemple, sont considérés comme des territoires moins attractifs où les gens ont du mal à vouloir s’y installer, même s’il y a un poste », souligne le délégué régional de l’Apec.
Les métiers cadres qui recrutent en Paca
Dans le top 3 des postes de cadre proposés en Paca et en Corse, les secteurs en tension sont l’informatique, le marketing-commercial et la Recherche & développement (R&D). Les fonctions où les entreprises anticipent le plus de difficultés sont l’informatique avec des profils à fortes compétences techniques (80 %), la production industrielle et BTP ainsi que l’exploitation tertiaire (tous deux à 68 %). Marquée par le tissu économique tertiaire (commerces et services), notamment dans le secteur touristique, la région Paca est, malgré tout, vis-à-vis d’autres régions comme la Loire ou le Nord, caractérisée par « un socle industriel important, avec la construction navale à Toulon, l'industrie pharmaceutique à Carros, l'agroalimentaire sur Avignon » qui se répercute avec un besoin important en Recherche et développement. Un phénomène, qui selon Antoine Fumard, pourrait s’expliquer à la fois pas le manque d’école d’ingénieur en région Paca et en Corse : « Il y a peu de gens qui sortent en volume des écoles et restent là, ou si natifs de Paca ou Corse, reviennent s’y installer directement après leurs études ».

Apec Paca-Corse : « Les recrutements de cadres se maintiennent à haut niveau »
Les jeunes diplômés, durement impactés par la crise du Covid sur le marché de l’emploi, ont cependant été « absorbés » par le marché de travail. Les seniors sont toujours les profils les plus recherchés pour leur garantie de compétences bien que le salaire soit pour l’entreprise une « équation financière ».
Si le marché est en tension dans diverses branches de métiers côté recruteur, les candidats n’ont pas conscience de cette nouvelle dynamique selon Anthony Fumard. « Avec un taux de chômage de l’ordre de 3 % chez les cadres, il y a très peu de disponibilités. Ce sont des personnes en poste qui sont candidats », explique-t-il.
Les raisons pour aller « voir ailleurs »
Augmenter son niveau de compétence, sa qualité de vie au travail, et surtout ses prétentions salariales sont les raisons qui poussent ces personnes déjà en poste à postuler ailleurs. « 48 % des cadres estiment retrouver facilement un emploi au moins équivalent en cas de changement d’entreprise contre 53 % en France métropolitaine. Il faut pour les entreprises les clés pour garder les compétences de leurs salariés et savoir se remettre en question », en travaillant sur la marque de l’entreprise et ses avantages, notamment sur les questions de RSE, regroupés en une marque employeur pour une stratégie de recrutement efficace. Forcément, les cadres en poste dans les métiers recherchés par les recruteurs sont des plus confiants s’ils venaient à changer d’entreprise : informaticiens (72 %), études R&D (63 %) et secteur tertiaire (53 %).
Le salaire, première motivation
« Au cours des six derniers mois, le premier critère de motivation… est la rémunération. Les candidats attendent autre chose pour leurs prétentions salariales, notamment du fait du coût de l’immobilier. Avec l’inflation, si les salaires ne sont pas augmentés, l’équilibre social risque d’être compliqué… notamment vis-à-vis des grands groupes, qui ont plus de leviers pour l’augmentation des salaires notamment via la redistribution des bénéfices », explique Anthony Fumard.
Des ateliers Stratégie recrutement, avec notamment un atelier Marque employeur, sont également organisés gratuitement par l’Apec.
* Basé sur l’enquête de l’observatoire de l’emploi cadre par la direction Données et Etudes (DDE) de l’Apec. La méthodologie de l’enquête Panel regroupe 8 500 établissements interrogés dans le secteur privé ayant au moins un salarié, avec le volume d’offre publiées sur apec.fr au cours du 1er semestre 2022, bien que celui-ci ne « reflète pas tellement la réalité » du fait des différents canaux de diffusion des offres d’emplois (job board public, privé, réseau sociaux…). Celle sur la rénumération se base sur les 13 000 cadres en poste interrogés dans le secteur privé.
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