Le 30 mars, la Préfecture de Région a, à nouveau, réuni la « Task Force régionale Economie-Entreprise ». L'objectif était d'établir un plan de bataille afin d'au-delà « de la crise sanitaire, traiter la crise économique ». Parce que la deuxième vague annoncée, la difficile reprise de l'économie après la gestion de l'urgence, risque de faire des dégâts sur la santé économique de notre région. Les premiers effets sont déjà rudes : « au 26 mars, ce sont quelque 14 400 établissements de la région qui ont recouru à l'activité partielle pour plus de 115 000 salariés ». Et des secteurs entiers sont à l'arrêt comme le tourisme, l'évènementiel, la culture. Des activités qui pèsent lourd en Paca…
Mais qui fait partie de cette « Task Force », quels sont les bataillons qui conduisent cette « guerre » et quelles sont leurs réponses ? Dans le désordre actuel, on a essayé d'y voir un peu plus clair afin de comprendre la réponse régionale apportée à cette situation inédite.
La préfecture en entraîneur d'équipe
C'est le nerf de cette guerre : rassembler, coordonner, motiver et faire passer les bonnes informations. Ce rôle est attribué à la « Task Force régionale » coordonnée par la Préfecture de Région. Dans un communiqué Pierre Dartout, le préfet rappelle qu'il a « souhaité mettre en place une cellule régionale de veille économique ». Cette dernière se compose de « la Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l'Emploi, de la Direction Régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt, de la Direction Régionale des Finances Publiques et de la Banque de France ». La BDT poursuit son travail et a accordé des aides exceptionnelles. On y trouve aussi la Chambre de Métiers et de l'Artisanat de Région, l'URSSAF, la Banque Publique d'Investissement.
« En sus de cette cellule, le Préfet de région entretient des contacts réguliers avec les chambres de commerce, de métiers et d'agriculture, avec le patronat et certaines organisations syndicales mais aussi avec un certain nombre de filières de la pétrochimie, de l'aéronautique, du transport ou du BTP » ajoute le préfet. Avec le BTP, plusieurs échanges ont été organisés au sujet de la délicate reprise des chantiers...
C'est cette cellule qui va coordonner le plan d'aide national décidé par l'Etat : Fonds de solidarité national, garantie des prêts bancaires, report de paiement d'échéances sociales et fiscales, report du payement des loyers, etc...
La Région en co-équipier
Un travail étroit est fait avec la Région Paca, qui en quelque sorte est la co-équipière de la préfecture. Un poste logique parce que depuis la Loi NOTRe elle assure des compétences économiques. « C'est pourquoi la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur a souhaité mettre en place un Plan d'urgence et de solidarité capable d'amortir le choc de cette crise et un Plan de relance et d'investissement pour rétablir l'économie régionale dès que possible » explique le préfet. Ce Plan a été présenté le 30 mars par Renaud Muselier. 227,5 millions vont être accordés à des mesures d'urgence sanitaire et économique. « Nous sommes pleinement mobilisés, en étroite collaboration avec la Région pour mettre en œuvre les mesures nécessaires » assure Pierre Dartout. L'objectif de la Région est de répondre à l'urgence et de penser la relance, quand il faudra des liquidités pour remettre en marche la machine économique et les projets d'aménagement du territoire, comme les transports, l'éducation (les Lycées), les filières énergétiques nouvelles, etc... La Région va mobiliser une enveloppe inédite de 1,4 milliard.
Le Rôle de la CCI Aix-Marseille Provence
Dans cette Task Force, la Chambre de commerce et d'industrie d'Aix-Marseille Provence joue un rôle particulier dans les Bouches-du-Rhône : elle est LA porte d'entrée des entreprises. « On centralise les questions et les difficultés rencontrées par les entreprises pour les faire remonter aux services de l'Etat » explique Jean-Luc Chauvin. Dans les Bouches-du-Rhône la CCCI AMP a été mandatée par la préfecture pour centraliser les demandes des entreprises, en accord avec la CCI du Pays d'Arles. Concrètement tous les jours une conférence téléphonique se tient. On y dénombre un premier cercle avec l'UPE 13, la CPME 13 et la CMAR 13, mais aussi l'U2P, la CRESS Paca, les « interpros » et la CCI du Pays d'Arles. Un deuxième cercle comprend les fédérations professionnelles et une troisième concernera les zones d'activité. Là aussi, suivant les zones d'activités la mobilisation est forte, comme par exemple à Cap au Nord Entreprendre.
Acteurs du conseil et du droit
Dans cette lutte contre les effets économiques de la crise du Coronavirus il faut aussi compter sur deux acteurs proches des entreprises : les experts-comptables et les commissaires aux comptes. Face à l'épidémie du coronavirus COVID-19, le Conseil régional de l'ordre des experts-comptables Paca, présidé par Lionel Canesi « aide ses entreprises à mettre en place les mesures de soutien immédiates aux entreprises ». Farouk Boulbahri, le président de la Compagnie régionale des commissaires aux comptes d'Aix-Bastia apporte également un soutien aux chefs d'entreprises afin d'éviter les défaillances. La compagnie est notamment en lien avec les Tribunaux de commerce. Les cabinets d'avocats apportent également leur aide dans ce combat. En ordre dispersé, ils continuent de conseiller leurs clients et analysent, via des newsletters ou publications sur les réseaux sociaux les aides ou les mesures prises par le Gouvernement dans l'urgence. Il faudrait aussi évoquer ici la mobilisation des notaires qui continent à assurer, de façon dématérialisée, la signature d'un certain nombre d'actes officiels.
Les Tribunaux de commerce rassurent
Dans ces bataillons, il ne faut pas oublier les Tribunaux de commerce. Que ce soit à Marseille, Aix-en-Provence ou à Salon-en-Provence les Greffes ont mis en place des permanences afin de traiter les demandes des entreprises en difficultés. Présidents et juges consulaires (bénévoles) rassurent aussi par téléphone « le chef d'entreprise en l'informant des possibilités de recourir à des procédures préventives de mandat ad hoc ou de conciliation, et des dernières mesures gouvernementales » explique Charles-Alain Castola, le président du Tribunal d'Aix-en-Provence.
Bien d'autres acteurs économiques sont mobilisés… « Cette crise est exceptionnelle et nous devons sans cesse nous y adapter. Le point délicat est de trouver le bon équilibre entre la nécessité de confinement et le fait que l'économie du pays ne doit pas s'arrêter totalement » espère Pierre Dartout. La bataille va être rude… Et longue.