En France, au 5 avril, 5 millions de salariés de 470 000 entreprises étaient déclarés au chômage partiel. Dans les Bouches-du-Rhône, les chiffres n'ont pas été communiqués par la préfecture ou la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi), dont les services font face à une forte pression. « Les flux de demandes d'activité partielle ont en effet enregistré une croissance exceptionnelle et, bien sûr, jamais vue du fait de la crise sanitaire » souligne la Préfecture de Région.
Or, au moment de s'enregistrer, les entreprises rencontrent des difficultés, préviennent les syndicats patronaux et conseils aux entreprises. « Nous avons fait remonter des informations et la Direccte a pris des mesures, mais des problèmes persistent », note Corinne Innesti, nouvelle présidente de la CPME 13.
Problèmes techniques
Pour recevoir les demandes des entreprises, un numéro de téléphone a mis en place au niveau de la Direccte. Mais, « en raison d'un très grand nombre d'appels », elles sont invitées à renouveler leur demande ou passer par internet… Sauf que les entreprises sont alors confrontées, non pas à des soucis de rejets, mais à des complications techniques : difficultés d'avoir ses codes d'accès, de se connecter, problème de Siret qui ne correspond pas… « Nous avons reçu deux comptes et deux codes », s'étonne la fondatrice d'une PME du département. « Impossible de rattacher un de nos établissements, car il est soi-disant déjà créé », enrage de son côté une directrice financière et administrative.
Sans oublier la question des entreprises déjà enregistrées auprès de la Dirrecte et qui ne peuvent plus se connecter. Un expert-comptable a noté que plusieurs de ses clients ont été victimes d'un bug « le 16 ou 17 mars... ». « Mais tout le monde fait au mieux », reconnaît-il philosophe.
Les fédérations professionnelles à l'aide
Philippe Korcia, le président de l'UPE 13, a été en contact avec le directeur départemental par intérim de la Direccte des Bouches-du-Rhône. Il s'est dit très vigilant sur le bon enregistrement des dossiers, lors de son intervention sur Facebook, le 6 avril et demande aux entreprises qui n'auront pas eu leurs codes d'accès au site de la Direccte de le faire remonter auprès du syndicat.
Selon Corinne Innesti, lors de la dernière réunion en préfecture, en fin de semaine dernière, la Direccte s'est engagée à résoudre la plupart de ces situations d'ici une dizaine de jours. Dans un mail envoyé à ses adhérents, une fédération professionnelle écrit : « La Direccte Provence-Alpes-Côte d'Azur, nous informe que la résorption du stock des demandes d'habilitation déposées auprès de l'ASP (Agence de Services et de Paiement) est en cours de finalisation d'ici la fin de la semaine ». C'est-à-dire avant le 10 avril.
La Direccte mobilisée
Sollicitée, la préfecture a expliqué par réponse de mail qu'au « niveau national, pour faire face à l'afflux inédit de sollicitations de la part des entreprises, le ministère du Travail, en lien avec l'Agence de services et de paiement, a refondu entièrement le système d'information, un temps encombré, qui permet de gérer le dispositif. Celui-ci est désormais capable de supporter 15 000 connexions simultanées, de répondre à 400 000 utilisateurs par jour, de délivrer automatiquement les codes de connexion et de générer une réponse automatique d'acceptation 48 h après le dépôt de la demande de l'entreprise ». « Enfin, un délai de 30 jours a été donné aux entreprises pour déposer leur demander, avec effet rétroactif, pour sécuriser toutes les entreprises qui n'ont pas encore pu le faire » explique la préfecture. Elle rappelle que « la Direccte Provence-Alpes-Côte d'Azur a quant à elle mis en place de manière immédiate une mobilisation exceptionnelle de ses agents qui a permis de renforcer très fortement la capacité de traitement de ses services ».
Une mobilisation sans précédent pour une situation inédite...
Les procédures mises en place
Pour faire face aux problèmes rencontrés par certaines entreprises la Direccte a envoyé des consignes aux organisations patronales. Un numéro de téléphone est en place (0 800 705 800) et fonctionne de 8 h à 18 h. Les entreprises en attente d'identifiants ou de leur habilitation doivent vérifier leurs spams. Si elles ne trouvent pas de mail reçu de « notifications-ap@asp-public.fr », elles sont appelées à envoyer un mail à contact-ap@asp-public.fr, en indiquant dans l'objet « Identifiant non reçu » et redonner le numéro de Siret d'établissement, sa dénomination, et le nom, le prénom et un numéro de téléphone de la personne à contacter. Il faut aussi décrire rapidement le problème rencontré.