AccueilEconomieBallet Preljocaj : « Nous aimerions avoir 80 mécènes »
INTERVIEW

Ballet Preljocaj : « Nous aimerions avoir 80 mécènes »

Juliette Baux, responsable du mécénat pour la compagnie de danse contemporaine Angelin Preljocaj, nous parle de l’importance du mécénat. Créée en 1985, la compagnie s’est installée à Aix dès 1996.
La compagnie Preljocaj intervient dans des lieux insolites, à l’image de l’Abbaye de Montmajour, à Arles, pendant l’événement « Monuments en mouvement », en octobre 2021.
J.-C. Carbonne - La compagnie Preljocaj intervient dans des lieux insolites, à l’image de l’Abbaye de Montmajour, à Arles, pendant l’événement « Monuments en mouvement », en octobre 2021.

Economie Publié le ,

Les Nouvelles Publications : Vous êtes responsable du mécénat au sein de la compagnie Preljocaj. Ce poste a été créé il y a longtemps ?
Juliette Baux : Le poste a été créé en 2006, au moment de l’ouverture à Aix du Pavillon noir (bâtiment créé pour la compagnie par Rudy Ricciotti). Mais dès la fin des années 1990, la compagnie a bénéficié de mécénat, notamment de la part de BNP Paribas, qui nous a accompagné durant quinze ans.

A combien se monte la part du mécénat ? Et quel est votre budget global annuel ?
Nous avons un budget annuel de 6M€, financé à hauteur de 60 % par ses ressources propres et à 40 % par des subventions. Le mécénat compte pour 3 % de nos ressources propres. Mais nous aimerions l’augmenter et atteindre les 8 %.

Vous avez plusieurs offres de partenariats et de mécénats. Présentez-nous le cercle des mécènes.
En effet, c’est toujours du sur-mesure, en fonction des attentes de l’entreprise. Notre cercle des mécènes compte 30 entreprises du territoire, mais aussi d’autres implantées à Paris. Au sein de ce cercle, nous construisons une relation pérenne avec nos mécènes. Nous leur proposons d’assister de manière privilégiée à des représentations, ils rencontrent Angelin Preljocaj, ils assistent à des répétitions…

Est-ce que le chorégraphe Angelin Preljocaj se prête volontiers à ces rencontres avec ce public composé de chefs d’entreprise et de leurs salariés ?
Bien sûr ! Angelin adore ces moments de rencontres. Il est très ouvert, curieux des autres. Il se nourrit de ces échanges pour créer. Angelin se montre toujours très ouvert face à tous les publics. Et c’est un chef d’entreprise lui aussi ! Il a les mêmes problématiques que beaucoup, que ce soit en termes de gestion de ses équipes, de projection sur sa croissance. Il y a des ponts qui se font naturellement entre lui et les mécènes et à chaque rencontre, il est ravi de ces contacts humains qui lui sont très précieux. A chaque fois, il me dit : « on devrait faire ça plus souvent ! ». Il se montre toujours très accessible dans ses échanges avec les autres.

Est-ce que le cercle des mécènes à vocation à grandir ?
Oui, nous aimerions avoir 80 mécènes. Pour autant bien sûr que l’engagement commun colle aux valeurs de part et d’autre. C’est très important pour nous que nos mécènes s’investissent. Angelin les sollicite et les implique aussi dans la vie de la compagnie. Nous avons monté par exemple cette année deux visio-conférences, durant lesquelles nous les avons questionnés sur leurs attentes dans notre collaboration. Il faut donc que l’entreprise joue le jeu et s’implique.

En quoi le mécénat est-il important dans la vie de la compagnie ?
Il permet de faire vivre des projets qui n’entrent pas forcément dans le cadre de subventions. Je pense à un déplacement du ballet en Colombie, rendu possible grâce à des fonds privés. Le théâtre qui nous a accueilli n’en avait pas les moyens. Grâce à cet apport privé, nous avons pu aller à la rencontre du public colombien.

En dehors d’être bien sûr associé à un nom prestigieux, en quoi est-ce une valeur ajoutée pour une entreprise ?
Nous sommes aussi dans une logique de réseau. Nous rayonnons sur notre territoire, mais bien au-delà, au national et à l’international. Cela offre une visibilité nouvelle à nos mécènes. Et puis il y a surtout ce lien privilégié que nous proposons aux entreprises. Par exemple, une société peut organiser chez nous un cours de danse avec le ballet, c’est de la team building différenciante.

A partir de quelle enveloppe peut-on faire partie du cercle des mécènes ?
Cela va de 5 000 à 50 000 €. Mais il faut souligner qu’avec les réductions fiscales, un don de 5 000 € revient en coût réel à 750 €. Nous avons aussi bien des TPE/PME que de grands groupes qui nous rejoignent. Et c’est encore possible pour l’exercice 2021, puisqu’elles ont jusqu’au 31 décembre pour faire du mécénat. On peut aussi être simple donateur à partir de 1 000 €. Il existe un panel de propositions, de partenariats très divers, que l’on peut aussi composer sur-mesure. C’est là tout l’enjeu de mon travail, trouver de nouveau partenaires, qu’il s’agisse du grand public, comme d’une cible professionnelle.

L’échange et le partage sont au cœur de votre relation avec vos mécènes. Comment avez-vous vécu cette longue période sans représentations ni rencontres avec eux ?
Nous avons profité de cette période pour nous réinventer. Repenser notre mécénat, nos actions. Et nous avons impliqués nos différents partenaires via des visio-conférences, durant lesquelles nous leur demandions leur avis sur leurs attentes vis-à-vis de nous par exemple. Ils recevaient également en avant-première les présentations des futures créations d’Angelin, mais aussi notre revue de presse. Le maintien du lien a été réel. Comme beaucoup d’entreprises, nous avons fait en sorte de faire de cette crise une force, pour repenser notre stratégie et mieux nous projeter vers demain.

On ne le sait peut-être pas assez, mais la compagnie intervient aussi en entreprise, lors d’événements. En quoi ça consiste ?
En effet, nous pouvons faire venir pour un extrait de ballet quelques danseurs. Il s’agit de notre Groupe urbain d’interventions dansées (G.U.I.D). Bien sûr, cela se fait dans un cadre précis, avec l’idée de poursuivre ensuite notre collaboration. Il faut que cette intervention fasse aussi sens pour nous. Mais pour Angelin Preljocaj, c’est très important d’aller vraiment à la rencontre de tous les publics. L’entreprise en fait bien sûr partie. Comme le souligne Angelin, le mouvement reste sans doute la chose la plus naturelle, inscrite chez tout le monde. Il faut se laisser surprendre par la danse contemporaine et en oublier ses préjugés. La danse contemporaine est bien plus accessible qu’on ne le pense…

Partager :
Abonnez-vous
  • Abonnement intégral papier + numérique

  • Nos suppléments et numéros spéciaux

  • Accès illimité à nos services

S'abonner
Journal du 24 mars 2023

Journal du24 mars 2023

Journal du 17 mars 2023

Journal du17 mars 2023

Journal du 10 mars 2023

Journal du10 mars 2023

Journal du 03 mars 2023

Journal du03 mars 2023

S'abonner
Envoyer à un ami
Connexion
Mot de passe oublié ?