« Phénomène qui n'existait même pas il y a encore cinq à six ans, la location de courte durée de type Airbnb a impacté et bousculé le marché locatif privé traditionnel », a reconnu Didier Bertrand le président de la Fnaim Aix-Marseille-Provence, l'un des deux organismes partenaires, avec l'Adil 13 (Agence départementale d'information sur le logement des Bouches-du-Rhône), de l'Observatoire départemental des loyers des Bouches-du-Rhône (ODL 13). Agréé par le ministère du Logement et financé par les partenaires publics (Etat, département, métropole Aix-Marseille-Provence), ce dernier livre en effet, depuis 2006, sous la houlette de sa responsable, Lisa Miceli, des statistiques et des données chiffrées annuelles qui permettent de jauger précisément le prix des loyers du parc locatif privé dans toutes les communes et sur tous les territoires des Bouches-du-Rhône. Sont ainsi scrutés 34 000 logements disponibles à la location et gérés par 119 cabinets immobiliers dont 90 % adhérents de la Fnaim. Une nouveauté aussi récente que celle de la location de courte durée vie les plates-formes numériques ne lui a donc pas échappé.
La couronne du Vieux-Port
« C'est étrange comme certains quartiers à Marseille, autour du Vieux-Port, ou passé la rue Sainte, voient les fenêtres de leurs immeubles toutes allumées le week-end pour s'éteindre en début de semaine », a ironisé à ce propos le président de la fédération immobilière, avec les allées et venues des touristes et visiteurs et de leurs petites valises à roulettes qui vont avec. A Marseille, dans ce secteur du centre-ville, le phénomène est tel que même l'immeuble où la Fnaim Aix-Marseille Provence vient d'installer ses nouveaux locaux, place du Général-de-Gaulle, et où l'ODL 13 a ainsi livré ses chiffres 2018, est concerné !
Pas de quoi cependant de faire perdre à ce professionnel de l'immobilier son sourire. « Si l'on est passé en la matière, de zéro à 12 000 offres en très peu de temps, avec des villes comme Aix-en-Provence ou Arles également concernées — et pas que la cité phocéenne, qui est tout de même la 2e ville de France après Paris pour ça — on observe aujourd'hui un mouvement de contre-balancier qui tend à retrouver un certain équilibre, a en particulier expliqué Didier Bertrand. La fiscalité, le gouvernement qui commence à légiférer dans ce sens, l'obligation de le déclarer dans certaines villes, ce qui n'est pas le cas à Marseille… font que ça s'est resserré. Après expériences, les propriétaires eux-mêmes se rendent compte que ce n'est pas toujours l'eldorado, avec des appartements qu'il faut entretenir encore plus couramment et qui s'usent beaucoup plus vite. Sans oublier, certaines "surprises" et autres arnaques. La demande non plus n'a pas suivi et la rentabilité a diminué. Résultat, beaucoup en sont revenus », a encore commenté le président de la Fnaim AMP.
Surtout, a-t-il poursuivi, « la loi Elan qui a instauré le bail mobilité, lequel permet de louer pour une période d'un à dix mois pour, par exemple, un étudiant en stage, un professionnel en déplacement, dans des conditions fiscales intéressantes, devrait faciliter le retour de ces biens dans le marché locatif classique et non parallèle comme celui-là qui échappe en outre à toute politique du logement. »