Les Nouvelles Publications : Probono kézako ?
Laurent Fialon : En latin Probono publico, littéralement « bien public », est un concept qui a émergé dans les années 70 dans les pays anglo-saxons, principalement dans le secteur juridique où un avocat peut ainsi défendre probono, c'est-à-dire gratuitement ou pour des honoraires symboliques, une personne défavorisée. A travers notre association, nous portons en effet cette conviction que toute compétence est un bien public et nous promouvons donc le partage de compétences entre bénévoles et organisations pour répondre à de grandes causes sociétales. En France, on parle plus facilement de mécénat et de bénévolat de compétences.
Pro Bono Lab, c'est aussi un réseau international qui permet à des bénévoles de se mobiliser et d'accompagner des structures associatives à finalités sociales qui n'ont pas forcément les bonnes compétences pour se développer ou agir dans leur domaine alors que d'un autre côté, il y a des entreprises qui peuvent mettre ces savoirs à disposition. Notre rôle est de créer des ponts et des passerelles entre les deux. Entre, d'une part, les structures associatives qui ont des besoins, et d'autre part, notre réseau de bénévoles et d'entreprises - plus de 80 entreprises partenaires au niveau national, et une dizaine au niveau régional. Créée en France en 2011 par trois étudiants d'HEC et Sciences Po, Pro Bono réunit des bénévoles qui peuvent être également étudiants ou eux-mêmes demandeurs d'emploi car ils ont eux aussi à gagner d'une telle expérience, en matière de confiance en soi, de travail en équipe ou encore de réseau. Quant aux entreprises, elles peuvent détacher leurs salariés volontaires pour des missions précises ou simplement nous soutenir dans cet accompagnement.
Concrètement, comment fonctionne votre première « fabrique de bien public », Probono Factory comme vous l'appelez, lancée à Marseille ?
Après Paris-La Défense, puis Lyon l'an dernier, c'est en effet sur le territoire d'Aix-Marseille Provence (AMP), qui est notre partenaire public en la circonstance, que nous avons choisi de développer un programme autour de l'emploi. Nous sommes dans ce cas force de propositions et l'objectif est aussi d'identifier, pour les lever, les freins à l'emploi et autres préjugés liés. Dans un premier temps, nous avons donc lancé un appel à candidatures, puis retenu dix structures associatives actives dans le domaine de l'insertion professionnelle et nous avons commencé pour chacune un accompagnement sur-mesure.
Qui va durer combien de temps ?
Jusqu'à la fin de l'année, avec en particulier un temps fort le 15 octobre prochain à Marseille. Ce jour-là, nous réunirons 100 bénévoles autour des lauréats, collaborateurs d'entreprises partenaires, seniors, étudiants (dont 25 de l'Ecole de management où se déroulera la manifestation), demandeurs d'emploi, organisés par équipes de 10 pour travailler en atelier sur des questions de développement économique, d'ordre commercial ou touchant aux ressources humaines, par exemple. L'un des objectifs de ce rendez-vous étant aussi que les associations accompagnées puissent échanger entre elles, partager elles aussi leurs compétences et se consolider mutuellement.